Quand on parle d’environnement, nos élus auront beau présenter tous les plans d’action et investir toutes les sommes qui traînent dans leurs fonds de tiroir pour convaincre l’électorat de l’importance que représente l’écologie à leurs yeux, rien ne parle aussi fort que leurs gestes posés sur le terrain.

Et alors que tous les indicateurs clignotent au rouge sur le tableau de bord concernant la crise climatique dans laquelle nous nous engouffrons, le gouvernement Legault pèse sur l’accélérateur afin de détruire 278 000 m2 de milieux humides, dont 73 milieux humides de différents types qui sont un habitat pour des espèces menacées ou vulnérables. Tout ça pour accommoder la compagnie Stablex et son projet d’agrandissement de site d’enfouissement de produits dangereux, à Blainville. 

À ce sujet, le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) soulignait que ce projet pourrait compromettre l’« intégrité écologique » de la grande tourbière de Blainville, qui est « est considérée comme exceptionnelle » par le ministère de l’Environnement du Québec lui-même.

Réaction de notre ministre de l’Environnement, Benoit Charette : « Certaines personnes pensent que les déchets peuvent disparaître comme par magie, mais il faut les traiter de façon adéquate si on veut préserver et protéger l’environnement. » 

À défaut de promouvoir l’économie circulaire, on peut dire que le ministre excelle en raisonnement circulaire, qui est presque orwellien : pour mieux protéger notre écosystème, il faut le détruire. (Suivant cette logique, on peut dire que la CAQ fait figure de proue, surtout après le fiasco NorthVolt.)

Pourtant, ce même ministre reconnaissait les lacunes des lois en matière de protection de l’environnement, promettant même en août 2023 : « On est tout à fait résolus à améliorer la protection des milieux humides. »

Au lieu de cela, face à une opposition généralisée, incluant les élus et tous les partis d’opposition de la municipalité de Blainville, la CAQ donne la claque avec la loi 93, autorisant l'expropriation du terrain appartenant à la Ville au profit de l’entreprise. Et qui pilote cette arme légale de destruction massive pour nos milieux naturels ? La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina. 

Ainsi, la boucle est bouclée. 

Et quel que soit le résultat final de cette triste histoire qui s’est transposée devant les tribunaux, les dés ont toujours été pipés. 

Car tous les beaux discours et les belles paroles de notre gouvernement ne pourront jamais justifier ou expliquer le vrai drame démocratique de cette catastrophe annoncée : comment se fait-il que les principaux ministres responsables de la protection du patrimoine naturel du Québec soient si farouchement favorables à sa destruction ? 

Nous pensions être « Maîtres chez nous. » 

Dorénavant, il appert que notre gouvernement provincial est plutôt disposé à bafouer l’autonomie des villes. 

À renier ses propres études et à trahir son rôle de protecteur de l’espace collectif. 

Tout ça, rappelons-le, pour permettre à une entreprise américaine de venir «Mettre chez nous» ce qu’elle veut.