1- Les APLP veulent d’abord relancer l’appel incontournable des Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient : « Avec la reprise des travaux parlementaires prévue à la fin du mois de mai, nous nous préparons tous à la nouvelle réalité politique du gouvernement libéral minoritaire. CJPM-O explorera de nouveaux moyens de tenir ce gouvernement responsable de sa complicité continue dans le génocide perpétré par Israël à Gaza et de pousser nos dirigeants à agir pour défendre le droit international et les droits du peuple palestinien. »

Nié par nos dirigeants politiques et les médias mainstream, le génocide est dénoncé depuis longtemps par nous, Artistes pour la Paix, par les directrices d’OXFAM et d’Amnistie internationale et évidemment par les rassemblements propalestiniens d’Échec à la guerre, avec le chercheur Rachad Antonius de l’UQAM.

2- ORIENT XXI nous signale l’ouvrage Gaza : un génocide en cours (éditions Syllepse).

Joseph Daher, universitaire et militant spécialiste du monde arabe, récemment évincé de l’Université de Lausanne (Suisse neutre?!) à cause de son engagement pour le droit des Palestiniens, y propose une lecture historique, politique et régionale du génocide à Gaza, qu’il inscrit dans une continuité coloniale et impérialiste.

L’auteur y souligne le décalage entre les régimes arabes et leurs populations quand il est question de la Palestine. Tandis que des États comme les Émirats arabes unis ou le Maroc normalisent leurs relations avec Israël pour préserver leurs intérêts stratégiques, les populations, elles, restent profondément attachées à la cause palestinienne.

Daher pointe également l’immobilisme de la plupart des États arabes qui se contentent de condamnations verbales face à la guerre génocidaire israélienne. […] Cette posture s’explique en partie par les alliances stratégiques avec Washington. Pour garantir leur stabilité et poursuivre leurs ambitions économiques et politiques, des États comme le Qatar, la Turquie, l’Arabie Saoudite ou encore l’Égypte entretiennent des liens étroits avec l’impérialisme américain. […]

En Jordanie, dans la Syrie post-Assad, ou encore au Liban, les manifestations populaires rappellent que la solidarité avec les Palestiniens est aussi un levier de contestation contre l’ordre régional existant. Sans surprise, au lieu de compter sur les États, Daher parie sur les peuples.

3- L’Organisation mondiale de la Santé (ONU), de laquelle s’est désaffilié Trump par racisme et par la volonté de son secrétaire à la santé, Kennedy, de nier les pandémies et les maladies éradicables par vaccins (comme nos camionneurs déchaînés félicités par Poilievre l’avaient fait à Ottawa en 2022) mettant ainsi la planète entière en danger, l’OMS, donc, dénonce la situation à Gaza comme « une abomination », cachée par la censure de nos médias pratiquée contre l’UNRWA qui tente de sauver Gaza. La Cour internationale de Justice et la Cour pénale de La Haye avaient aussi dénoncé le génocide.

4- Radio-Canada a eu une lueur-sursaut de dire la vérité le samedi 2 mai en montrant un reportage sur des victimes de la famine à Gaza, dont les photos rappelaient celles insoutenables du Darfour il y a soixante ans (images inaccessibles sur Google soumis à la censure trumpienne).

On parle de sursaut de vérité, car dès le lendemain, le reportage avait disparu des nouvelles Radio-Can axées sur le prix des voitures appelé à monter, sur le thème économique privilégié par le Parti libéral du Québec (est-ce une nouvelle?), sur les sports et la météo et sur, quand même, un bon reportage sur les prisons du Salvador peuplées de migrants renvoyés par Trump. Mais aucune dénonciation de Netanyahou qui bombarde et tue par la faim des milliers de Gazaouis, pour éviter d’aller en prison pour sa corruption dûment prouvée en cour de justice.

5- Quand nos éditorialistes ont-ils reproduit la solidarité du recteur de l’UQAM, M. Stéphane Pallage, avec le directeur de l’Université Harvard, félicité pour sa résistance aux agressions du président Trump?

En cette Journée mondiale de la liberté de presse, Anne Bocandé, directrice éditoriale de Reporters sans frontières, détaille son rapport sur la dégradation des informations libres en particulier aux États-Unis, tombés au 57e rang mondial, et au Canada qui a glissé de sept rangs : pour la première fois, le pays gouverné par un progénocidaire (qui ne dit mot consent) est exclu des vingt premières places où la Norvège trône au premier rang pour la 9e année consécutive. À Gaza, plus de deux cents journalistes ont été tués ou emprisonnés par l’armée israélienne.

6- Autrefois regroupés pour la paix autour de Pugwash Canada, résistent encore les vieux militants Pierre Jasmin, Ernie Regehr, fondateur de Project Ploughshares et Douglas Roche, ex-ambassadeur canadien au désarmement, perpétuant ([i]) les engagements pacifistes des héros Murray Thomson et Józef Rotblat.

Murray Thomson (1922-2019) donna ses dernières énergies en manifestant en marchette à Ottawa contre les militaristes de CANSEC : cette année, les 28 et 29 mai, sœur Mary-Ellen Francoeur manifestera avec le Réseau pancanadien pour la paix et la justice auquel adhèrent les APLP.

Józef Rotblat (Varsovie 1908 – Londres 2005) a fondé et dirigé l’ONG mondiale Pugwash de 1957 à 2004, ayant été l’instigateur du Manifeste Einstein-Russell 1955. Le film d’Éric Bednarski à son sujet Un rêve étrange, ONF, connut sa première française à Montréal, animée par Gordon Edwards, Pierre Jasmin et la professeure émérite de l’UQAM Donna Mergler.

7- En 1995, Rotblat obtint le prix Nobel de la Paix pour lequel il proposa chaque année de 1988 à 2004, Mordechai Vanunu, en manifestant dans les rues de Londres, déguisé en uniforme voyant de prisonnier, pour alerter les médias sur la détention injuste du simple technicien subalterne qui avait révélé l’étendue du programme des armes nucléaires d’Israël en prenant des photos de la centrale de Dimona.

Les photos de ce site le mieux gardé en Israël, Vanunu les avait transmises à un journal britannique qui les avait publiées (de nos jours, les journaux de Sa Majesté Charles III feraient-ils de même?). Les savants Pugwash, puis du monde entier, ont déduit qu’Israël possédait 200 bombes nucléaires, révélation crédible mais non officielle, qui a paradoxalement renforcé la croyance que Vanunu était un agent du Mossad : le contraire s’est avéré quand Vanunu a été kidnappé à Rome et ramené en Israël dans une malle, ce qu’il a réussi à faire savoir aux médias en l’écrivant sur la paume de sa main, montrée sur le chemin du tribunal.

Israël, en illégalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, comme la Corée du Nord, l’Inde et le Pakistan (notre article https://www.lautjournal.info/20250502/danger-de-guerre-indo-pakistanaise), a longtemps maintenu Vanunu en prison, même en isolement total, l’empêchant d’aller recevoir en Allemagne la médaille Carl von Ossietzky, attribuée chaque année depuis 1962 par la Ligue internationale des droits de l'homme à des citoyens ou des initiatives qui font avancer les droits fondamentaux.

Rappelons le combat héroïque contre les nazis de Carl von Ossietzky, journaliste, écrivain et intellectuel pacifiste allemand, condamné pour haute trahison en tant qu'éditeur du magazine Die Weltbühne (La Scène mondiale), pour avoir dénoncé le réarmement clandestin de l'Allemagne. Il obtint en 1936 le prix Nobel de la paix, qu’il ne put aller chercher, mort deux ans plus tard à Berlin de tuberculose contractée en prison. Vanunu a aussi obtenu en 1987 le Right Livelyhood Award ou prix Nobel alternatif, qu’allait recevoir en 2006 l’Américain Daniel Ellsberg, débutant son discours par un vibrant hommage à Vanunu.

8- Science for peace, animée par le professeur émérite de l’Université de Toronto Richard Sandbrook a pris le relais de Pugwash pour une science préservée de l’influence politique et de l’OTAN.

9- Notre aperçu de la résistance anti-génocidaire serait vraiment incomplet sans féliciter le réseau PRESSENZA.com pour sa persistance et sa résistance, notamment par l’art. Il nous informe de l’arrivée prochaine, en Israël-même, du Sommet des Peuples pour la Paix à Jérusalem, les 8 et 9 mai, incluant de nombreux participants à la vingtième cérémonie conjointe Israélo-Palestinienne des Combattants pour la Paix.

Imaginons les considérables efforts pour ce dernier organisme d’avancer son projet d’activisme conjoint pour la paix entre anciens soldats israéliens et anciens détenus/militants palestiniens, en remise en question des récits unilatéraux de la douleur, en proposant une solidarité ou au moins un reflet de la douleur du front ennemi, non moins affecté par la même spirale de violence.

Rappelons la saga du docteur Abuelaish https://www.lautjournal.info/20241101/je-ne-hairai-point-un-message-censure.

Cette année, le thème était « Choisir l’humanité, choisir l’espoir » alternant les témoignages

- du Palestinien Sayel Jabarin de Beit Jala, suivi

- du jeune Israélien Liel Fishbein survivant du massacre du kibboutz Be’eri, où il a perdu sa sœur bien-aimée,

- du Palestinien Mousa Hetawi (dans un message vidéo en raison de son interdiction d’entrée en Israël) qui a perdu 28 membres de sa famille au cours de la dernière année à Gaza,

- de l’Israélienne Liat Atzili, parmi les premières otages à être libérées, pour finalement découvrir la mort de son mari et de ses filles,

- d’une militante palestinienne qui a préféré l’anonymat dont le témoignage fut lu par sa compagne Amani Hamdan : un chapelet impressionnant de pertes, de douleurs, de destructions, de décombres, d’amputations, illuminé cependant par « l’espoir que quelque chose peut toujours renaître, même des décombres… »

L’animation de la soirée, comme toujours en arabe et en hébreu avec des sous-titres dans les deux langues (ainsi qu’en anglais), a été partagée entre Fida Shehadeh et Shira Geffen, toutes deux bien connues dans le monde de l’activisme israélo-palestinien : la première, impliquée dans le mouvement « Hutwa Group » qui s’oppose à l’expropriation et à la démolition de maisons de plus en plus fréquentes, la seconde, actrice et écrivaine pacifiste.

10- L’espace manque pour illustrer d’autres résistants, dont Richard Séguin, président d’honneur des APLP, qui a fait du mot résister son nouveau leitmotiv à Tout le monde en parle du 4 mai.

[i] https://www.artistespourlapaix.org/la-question-que-guy-a-na-pas-posee/