Un enjeu alimen...Terre

 


L’EnVert de l’assiette



Paraissait dernièrement aux Éditions les Intouchables, en collaboration avec ENJEU (Environnement Jeunesse), le livre L’Envert de l’assiette sous la direction de Laure Waridel. L’auteur avait publié en 1997, également aux Intouchables, Une cause café, livre sur le commerce du café équitable et mis sur pied, en parallèle avec la sortie du livre, la campagne Un juste café pour le commerce du café équitable, projet qu’elle continue de coordonner à l’heure actuelle. Parce que tout est politique, même ce qui se retrouve dans notre assiette, Laure remet la table.

Ce livre d’une centaine de pages a le grand mérite de nous ouvrir les yeux sur le contenu de notre panier d’épicerie, chose que nous n’avons pas coutume de faire, les interminables rangées de Métro ou de Provigo, ne nous en donnant pas vraiment le goût. Pourquoi d’ailleurs devrions-nous y jeter plus qu’un simple coup d’oeil ? Pour une foule de raisons de santé, d’environnement, d’actions humanitaires, de coût, etc., car nos habitudes alimentaires nous relient à la terre et à des millions de ses habitants qui cultivent, récoltent, transforment et vendent notre nourriture.

Un système de consommation non généralisable

Dans l’introduction, Laure Waridel nous démontre comment cette planète, avec ses six milliards de bouches humaines à nourrir, subit les conséquences de nos choix alimentaires. Saviez-vous que si chaque humain consommait à la manière d’un Nord-Américain, il nous faudrait trois planètes pour satisfaire tout ce beau monde ? Comme l’a déjà dit René Dumont, « notre système (occidental) n’est pas généralisable à l’échelle planétaire ».

Mme Waridel nous convie d’emblée à une révolution dans nos choix et dans nos achats alimentaires. Chose évidente à dire, mais à faire pour les simples humains que nous sommes, obnubilés par les milliers de produits trônant sur les tablettes de nos supermarchés.

Le procédé des 3N-J

Pour simplifier notre conscientisation, l’auteure, en fine pédagogue, nous propose un procédé facile à retenir, , qui s’inspire des 3R-V (Réduire-Réutiliser-Recycler-Valoriser), afin de changer le monde par notre assiette. Elle a pensé au 3N-J (Nu, Non-loin, Naturel et Juste).

Dans le Nu, on retrouve la problématique de l’emballage, procédé nord-américain, le McDonald étant l’emblème par excellence du suremballage. Plusieurs fruiteries n’hésitent pas à emballer tous leurs fruits et légumes séparément, sous prétexte que cela préserve plus longtemps la fraîcheur. Plastique, papier, aluminium, etc., tant d’emballages qui enrichissent nos sites d’enfouissement.

Dans le Non-loin, Laure Waridel nous transporte sur le chemin parcouru par nos aliments, quelquefois des milliers de kilomètres, ce qui a des effets souvent très nocifs sur l’environnement, la vitalité des communautés locales et la qualité de la nourriture.

Avec le Naturel, elle plaide pour une réduction de l’utilisation des produits chimiques dans la production agricole et la transformation de nos aliments. Mme Waridel propose de choisir les aliments les moins transformés possibles, les plus près de leur nature originelle.

Quant au Juste, elle présente quelques-unes des iniquités instaurées par notre système « d’échanges », le partage inégal des ressources.

Agir localement et globalement0 indissociables

Avec L’Envert de l’assiette, Laure Waridel nous propose d’agir pour changer le monde en commençant par notre propre personne, ce qui a le mérite de nous donner une multitude d’informations, de trucs et d’actions simples à faire, mais là où le bât blesse, à mon avis, c’est dans le peu de mention de l’action globale.

Il faudrait mentionner la déresponsabilisation criminelle des multinationales, le manque de volonté et la vision à court terme des hommes au pouvoir, la vision globale de la situation mondiale où le néolibéralisme trône en despote, occasionnant chaque jour la mort de milliers d’enfants privés de nourriture.

Je comprends que le propos de ce livre est de conscientiser chacun de nous, de nous impliquer localement, mais quelques lignes sur la façon de nous impliquer de façon globale, de dire Non à ce monde pourri et injuste, de mettre des noms sur les coupables, de poser des gestes politiques envers les responsables, ceux qui détiennent les commandes de la planète, aurait été une façon complémentaire et essentielle de démontrer que les enjeux ne dépendent pas que de notre personne, mais de la multiplication de nos personnes, la collectivité, qui peut faire changer les choses elle aussi. Ce qu’on pourrait appeler la mondialisation des solidarités.

L’Envert de l’assiette est un livre très intéressant, utile et surtout, j’espère qu’il sera la petite graine semée qui donnera la plante qui engendrera une multitude de petites graines!

WARIDEL, Laure et collaborateurs, L’Envert de l’assiette, Éditions des Intouchables, Montréal, 1998, 108 p.