Le silence imposé du burqa

 


Femmes afghanes



Alors que les Talibans se sont emparés de la majeure partie du territoire afghan, les principales ONG ont été expulsées de Kaboul, la capitale. Le cauchemar des femmes victimes d'un régime « islamiste pur » demeure.

À plusieurs reprises, les femmes des pays occidentaux sont revenues à la charge pour dénoncer leur situation et pour réclamer la justice et l'égalité de tous les êtres humains. De nos jours, de la Thaïlande à la Colombie, de l'Afrique au Tibet, les femmes des pays en voie de développement viennent s'ajouter à leurs semblables des régions industrialisées pour prendre leur avenir en main.

À l'aube du nouveau millénaire, il existe encore un pays qui nie l'égalité des droits les plus fondamentaux à plus de la moitié de sa population. Pis encore, le régime instauré en Afghanistan par les Talibans viole le droit des femmes au respect et à la dignité.

Les maîtres du pays aux dix millions de mines

Les Talibans, ces étudiants en théologie partis du Pakistan voilà 5 ans, ont été présentés dans les médias comme des sauveurs de l'Afghanistan. Ayant vaincu les Soviétiques, plus par la parole que par les armes, les Talibans ont été soutenus, entre autres, par les États-Unis et le Pakistan. Leur succès apparaît comme un retour aux formes médiévales du fondamentalisme islamique. Ils se distinguent des courants islamistes actuels par l'absence de référence à la jihad (guerre sainte) contre le monde occidental (ils se battent uniquement contre d'autres mulsulmans). Ce gouvernement ultra-orthodoxe reconnu par le Pakistan, les Émirats Arabes et l'Arabie Saoudite, a instauré un régime de l'interdit au nom de la religion. Toutefois, le mouvement des « croyants » inquiète par son zèle anti-féministe, découlant plus du féodalisme et du tribalisme que de l'Islam.

Depuis le retrait des troupes russes, en 1989, la vie de la population afghane a basculé dans la violence. Non seulement le conflit armé opposant différents groupes décime-t-il la population, mais les lois imposées aux femmes ont des effets désastreux sur ces dernières, tant sur leur santé physique que mentale. Ainsi, la prise du pouvoir par les forces talibanes à Kaboul en 1996 a fait accroître les taux de dépression et de suicide chez la femme et celui de mortalité infantile, faisant de l'Afghanistan le pays où la condition féminine est l'une des plus critiques au monde.

En Afghanistan, où la guerre perdure depuis vingt ans, la malnutrition est devenue chronique. Les bébés pèsent moins de deux kilos à la naissance et leurs mères n'ont pas la force de les allaiter, car elles se nourrissent peu et mal. Comme l'accès aux bains publics est désormais interdit aux femmes, les affections liées au manque d'hygiène sont légion. Il leur est désormais interdit de se faire soigner dans les hôpitaux publics. Il leur reste des cliniques privées qu'elles n'ont ni les moyens financiers ou techniques d'atteindre, bus et taxi leur étant interdits.

Vivre dans l'ombre

Le tchadri ou burqa, une ample pièce de tissu, ocre, mauve ou bien ciel, qui laisse filtrer la lumière par quelques perforations au niveau des yeux est obligatoirement porté par les afghanes. L'une des dernières lois édictées contraint les fillettes à l'adopter à partir de 9 ans, au lieu de 12 ans. De plus, pas question pour un homme de leur adresser la parole 0 elles réservent leur visage, leur sourire et leur personnalité pour le seul cercle familial.

Dans la capitale, 30 000 femmes ont donc perdu leur emploi depuis 1996. Kaboul compte 25 000 veuves qui doivent assumer seules le soutien de leur famille alors qu'il leur est interdit de travailler. Ces anciennes fonctionnaires, chirurgiennes, professeures et étudiantes mendient pendant que d'autres font la queue devant les centres des dernières organisations humanitaires toujours en poste, malgré l'expulsion en juillet 1998, par les Talibans, des 30 ONG qui s'activaient depuis des années en sol afghan.

Au Royaume de l'insolence

Le régime des Talibans viole tous les droits de l'homme énoncés par la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont nous avons célébré le cinquantenaire, par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966, par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, par la Convention sur les droits politiques de la femme du 31 mars 1953 et par la Convention relative aux droits des enfants du 20 novembre 1989. Ces violations sont inacceptables aux yeux des citoyens du monde. Les Afghanes sont privées des droits considérés en Occident comme définitivement acquis, la violence des Talibans à leur encontre ne connaît pas de bornes. Quelle est la place de ces femmes dans un régime de terreur, dans un système où leur existence est totalement niée par les hommes au pouvoir ?www