Lulu 1er, le monarque

 

L'expression Le monarque est du professeur Jean-Marc Piotte. Dans un texte publié dans Le Devoir et Le Soleil, il décrit bien un Lucien Bouchard qui bafoue notre système démocratique, à coups de lois spéciales et d'injonctions contre les infirmières et les camionneurs, et de menaces d'intervention législative rendant illégale toute grève légale du Front commun, et qui se place, tel un souverain, au-dessus des lois.

Le monarque est un roitelet

Notre monarque fait le matamore contre les travailleurs de son pays, mais est beaucoup moins fendant quand il s'adresse aux grands de ce monde. Alors qu'il refuse catégoriquement plus de 5 % d'augmentation aux employés du secteur public, il s'agenouille devant GM et offre 360 millions de nos impôts à une compagnie qui accorde 13,5 % d'augmentations de salaire à ses ouvriers.

Notre Lulu 1er monte sur ses ergots et se déclare facilement humilié, insulté, méprisé dès qu'un de ses sujets le contredit. Mais, avec quelle patience d'ange on l'a vu attendre dans l'antichambre, son chapeau entre les mains, que le président Clinton daigne bien lui accorder un entretien d'une dizaine de minutes entre deux trous de sa partie de golf avec Jean Chrétien. Notre monarque connaît les règles de la bienséance. Il sait qu'il n'est qu'un roitelet.

Un roitelet ne parle pas d'indépendance ; il connaît trop sa dépendance. Pas étonnant que son sous-fifre Landry déclare que l'indépendance pure et dure est une idée rétrograde , reprenant ainsi mot à mot les idées proclamées par le président Clinton, lors de la conférence du Mont-Tremblant sur le fédéralisme. Est-ce là le résultat de la rencontre de dix minutes Bouchard-Clinton ?

Lulu le Bref ?

La révolte couve au sein du Parti québécois. Les militants de la base, les indépendantistes purs et durs , font leurs comptes. Ils se rappellent que leur parti, supporté par une minorité d'électeurs, n'a été porté au pouvoir qu'à cause des distorsions de notre système électoral. Ils voient le gouvernement en train de se braquer contre l'ensemble des partenaires syndicaux de la souveraineté. Est-ce là les conditions gagnantes s'interrogent-ils ? Le règne de Lulu pourrait être bref.

Ni Porto Rico, ni grisaille

Dans son article Bouchard le monarque , Jean-Marc Piotte affirme qu'il voterait Non à un prochain référendum. La nation, écrit-il, n'est pas une réalité au-dessus des classes sociales, des travailleurs, des syndiqués, des chômeurs et des assistés sociaux et il conclut 0 Au cauchemar d'un Québec qui deviendrait un Porto Rico francophone, je préfère la grisaille d'un Québec dépendant au sein du Canada .

Mais c'est précisément, Monsieur Piotte, parce que la nation n'est pas une réalité au-dessus des classes sociales que les travailleurs, les syndiqués, les chômeurs et les assistés sociaux de ce pays ne veulent ni d'un Porto Rico francophone, ni de la grisaille d'un Québec dépendant au sein du Canada.

Ce qu'ils veulent, c'est la justice, l'équité, le partage des immenses richesses de ce pays. Cela s'appelait hier la libération nationale et sociale. Cela s'appelle aujourd'hui l'indépendance pure et dure . C'est cette lutte qu'il nous faut organiser. À bas les monarques !