Pour des états généraux du syndicalisme

 


Entrevue avec Serge Roy



Fort de ses 40 000 membres, le SFPQ milite activement pour revaloriser le travail des fonctionnaires du Québec. Nos membres sont des personnes à votre service. Mais avec des ressources limitées, il est difficile d'assurer une redistribution équitable des services sociaux, garants des droits humains dont les fonctionnaires s'occupent , déclare Serge Roy, président du SFPQ depuis 1996

A.J0 Pourquoi le SFPQ a-t-elle refusé de participer au Sommet de la jeunesse?

Serge Roy0 L'expérience du Sommet socio-économique de 1996 nous a démontré que ce type d'exercice était fait pour endosser la politique de droite du gouvernement péquiste. Nous refusons, au SFPQ, d'être les partenaires complaisants d'un gouvernement qui met de l'avant des politiques de désengagement de l'État. Les véritables questions concernant la jeunesse n'ont pas été posées lors de ce sommet, comme la gratuité scolaire et le dossier des clauses discriminatoires.

Cet exercice a été un glissement dangereux pour la démocratie. Les groupes de lobbying étaient choisis à l'avance et il n'y avait aucune place pour les simples citoyens. Ceux qui voulaient véritablement changer les choses, de façon significative en matière de jeunesse, étaient plutôt au contre-sommet. De plus, le milliard d'investissements promis dans l'éducation était déjà prévu au budget.

Que pensez-vous du budget Landry?

Avec une réduction d'impôts sur trois ans, c'est un budget à saveur électorale. Le plus grave dans tout cela, c'est que les problèmes sociaux non pas été réglés. L'argent promis par Landry ne corrigera pas cette situation Le gouvernement et les médias nous disent que nous sommes les plus taxés en Amérique du Nord, mais ils oublient de dire à quoi servent nos impôts0 des services publics égaux pour tout le monde. Si on paye moins d'impôts ça va profiter à qui? À ceux qui ont des grosses poches.

La consolidation des services publics, le gouvernement n'en a pas parlé. Par exemple, il n'a aucun projet de développement des services sociaux, il a coupé dans les ministères de l'aide sociale, de la justice, ainsi que dans les organismes de protection de la jeunesse et de défense des droits et libertés. Ce qui constitue un véritable danger pour la démocratie. Dans le budget Landry, il n'y a aucun plan de justice sociale. Encore une fois, seuls les puissants vont réussir à s'en sortir.

Quel bilan faites-vous des négociations dans la fonction publique?

Il y a certains aspects positifs avec des gains importants à la convention collective, mais pas autant qu'on l'aurait souhaité. Le tiers de nos membres est à statut précaire et la dernière négociation a apporté certains correctifs là-dessus. Des emplois à plein temps vont être créés, 2000 de nos membres obtiendront leur permanence. Côté salarial, nos membres sont très satisfaits, ils obtiendront la même chose que le Front commun CSN, CEQ, FTQ, soit 9% d'augmentation.

Toutefois, nous étions en position de faiblesse sur certains points comme la sous-traitance, la précarité, l'augmentation de la violence en milieu de travail, les coupures. Là-dessus le gouvernement n'a pas pris de gros engagements, car il n'y a pas eu d'unité syndicale large entre les syndicats indépendants et les grandes centrales.

Il serait souhaitable de mettre sur pieds des État généraux du mouvement syndical pour savoir où on va. Par exemple, le partenariat patronal-syndical ne fait pas avancer la cause des salariés. Certains appareils syndicaux en profitent, mais pas l'ensemble des travailleurs et travailleuses. À notre congrès de 1999, notre assemblée s'est prononcée contre le partenariat.

Qu'est ce que le projet de loi 82 sur l'administration publique?

Ce projet de loi vise à moderniser la gestion gouvernementale de la fonction publique. Comme en Grande-Bretagne ou dans l'Ouest canadien, ce projet veut privatiser un grand nombre de services publics. Avec cette loi, les services publics seraient gérés comme dans le secteur privé et le rôle de l'État serait remis en question. Les résultats seraient quantifiés, mais la qualité des services ne serait pas, quant à elle, mesurée. L'accès égal des services publics à tous les citoyens serait donc mis en péril. De quelle façon allons-nous traiter les dossiers pour atteindre ces résultats? Encore une fois, cette réforme comporte des risques énormes pour la démocratie. On risque de retourner en arrière comme dans les années 30 et 40.