« Nous voulons notre part des richesses créées par notre travail » — Alain Lampron

 

Suite au 43e congrès de la Fédération de la métallurgie de la CSN (FM-CSN) tenu à Sorel cet été, quelque 250 déléguéEs syndicaux de toutes les régions du Québec ont décidé des prochaines orientations de leur fédération 0 développer la combativité et la solidarité dans les syndicats, améliorer les conditions de travail et de vie des membres, syndiquer d’autres groupes, contrer la montée du néolibéralisme par la solidarité internationale. « À l’heure actuelle, les gouvernements écoutent seulement ceux qui ont du fric. Les actions à la bourse passent avant les droits humains et syndicaux. Le monde syndical doit se regrouper, échanger sur des objectifs communs et prendre sa place dans les accords internationaux », nous a déclaré Alain Lampron, président de la FM-CSN.

Sous le thème « La reconnaissance de nos efforts, le centre de nos préoccupations », les syndicalistes présents au congrès ont remis de l’avant quelques-unes de leurs valeurs fondamentales 0 le respect et la dignité de la classe ouvrière. « Nos membres ont fait des efforts ces dernières années pour sauver leurs emplois. Aujourd’hui, le contexte économique est meilleur. Nous voulons notre part des richesses créées par notre travail », annonce Alain Lampron. La Fédération de la métallurgie regroupe 22 000 membres répartis dans 215 syndicats locaux.

Santé-sécurité pour tout le monde

La santé-sécurité au travail fait partie des préoccupations importantes de la FM-CSN. « Dans les secteurs prioritaires, la loi en santé-sécurité ne couvre pas tout le monde du travail. Même dans le secteur de la métallurgie, plusieurs syndicats ne bénéficient pas des règlements de la loi. Bien sûr, nous avons réussi à négocier dans certains de nos syndicats les mêmes avantages que les entreprises régies par les groupes prioritaires. Mais le gouvernement doit nous écouter et agir dans notre sens », relève Alain Lampron. Les métallurgistes de la CSN demandent à ce que tous les milieux de travail soient reconnus comme secteur prioritaire.

Défendre les décrets

Beaucoup de salariés sont couverts par un décret. Le contexte nord-américain a convaincu nos gouvernements successifs de les abolir un à un, déréglementant ainsi la concurrence dans plusieurs secteurs. La FM-CSN défend le maintien de ces ententes sectorielles. « Dans la métallurgie, les décrets de l’automobile, des matériaux de construction et de la menuiserie métallique obligent les employeurs à respecter les conditions de travail minimales dans leur entreprise et à assurer une certaine concurrence loyale. Depuis l’abolition du décret du verre plat, par exemple, des pressions épouvantables ont conduit à la dégradation des conditions de travail dans ce secteur. Le néolibéralisme, la libre concurrence, c’est le capital qui veut tout gérer », nous explique Alain Lampron.

Combattre le néolibéralisme

Concernant la réforme du code du travail à venir, le gouvernement péquiste préfère donner suite à certaines demandes patronales, tel le resserrement du droit de grève. Ce qui inquiète les métallurgistes. La mondialisation des marchés, les mégafusions des transnationales ne les rassurent pas pour autant. La FM-CSN entend développer des échanges avec les syndicalistes d’autres pays. « Les gouvernements s’opposent à toute réglementation du marché. Il faut imposer les libertés syndicales à l’esprit néolibéral qui domine », conclut le président de la FM-CSN.

REPÈRES HISTORIQUES

Quelques grandes dates de la FM-CSN

1937 0 Grève insurrectionnelle de Sorel pendant deux semaines de 3 000 métallurgistes des chantiers navals et des fonderies contre la « clique des Simard ». L'enjeu est la reconnaissance de leurs syndicats nationaux. Depuis, la région de Sorel-Tracy, véritable bastion ouvrier, est reconnue pour son militantisme.

1944 0 Fondation de la Fédération de la métallurgie CSN.

1949 0 Le feu dans l'amiante, grève de cinq mois de 5 000 mineurs d'Asbestos et Thetford Mines. Les dirigeants syndicaux sont qualifiés de révolutionnaires communistes par le gouvernement Duplessis.

1975 0 Front commun CSN-FTQ de 3 000 métallos de l'amiante. Cette grève de sept mois est devenue une lutte politique pour le droit à la santé-sécurité de tout le monde ouvrier. Suite à ce dur combat, l'État québécois sera forcé d'adopter les lois en santé-sécurité.

1977 0 Occupation de l'usine Fer et titane (QIT) de Sorel-Tracy pendant six semaines par les syndiqués, principalement pour leur santé-sécurité au travail. L'escouade anti-émeute se bute à un millier d'ouvriers déterminés à obtenir satisfaction. Ils l'obtiendront.

1984 0 Grève de onze mois du Syndicat des ouvriers de Marine Industrie Ltd (MIL) à Sorel. Les 1 050 syndiqués veulent sauver leurs emplois. La FM-CSN revendique toujours auprès des gouvernements qu'ils accordent à l'industrie de construction navale l'importance que tout pays bordé par trois océans comme le Canada devrait logiquement lui accorder.

Fer de lance du mouvement ouvrier, les métallurgistes de la CSN ont marqué l'histoire du syndicalisme au Québec, surtout en matière de santé-sécurité au travail. Par leur combat syndical, ils ont contribué à l'avancement de toute la classe ouvrière.