La banlieue des révoltés

 


Livre 0 Jacques Ferron, citoyen de Ville Jacques-Cartier (1949-1969)



Dans l’ancienne paroisse rurale de Longueuil, où il s’établit en 1949, le docteur Ferron se trouve au cœur du cataclysme. Hausse phénoménale du niveau de vie, révolution des mœurs, éclatement des idéologies, naissance de l’univers médiatique, passage définitif et quasi total du Québec à la civilisation urbaine. « En l’espace de vingt ans, dira Ferron, le monde et les cieux ont été transformés. » Même le bon Dieu et les Anglais ont été bousculés.

Vers 1945, les bidonvilles de Longueuil-Annexe et de Coteau-Rouge ont poussé dans les champs. Mais les gens dorment aujourd’hui dans de petites maisons, « avec fierté, comme des espèces de châtelains », précise Ferron en 1968. « Ils disent que ce sont des cottages, des split-levels, des bungalows ; et ils mettent parfois des canards de plâtre dans le parterre, même des biches et des faons. »

Les terres agricoles, les bidonvilles, les bungalows, voilà une bouleversante évolution, une « rose du temps », écrit Ferron, le contraire du vide. Il n’y a pas de création sans tohu-bohu. C’est de cette Rive-Sud, volontiers quétaine, que surgissent Pierre Vallières, Denis Vanier et André Forcier. M. L.

Jacques Ferron, citoyen de Ville Jacques-Cartier (1949-1969), Bertrand Laverdure, Société d’histoire de Longueuil, 2000