Les forums régionaux facilitent l’inclusion des femmes

 


Les retombées de Pôrto Alegre



Le 5 février, le Forum social Mondial prenait fin après avoir attiré à Pôrto Alegre plus de 50 000 personnes dont 22 000 femmes. Malgré ce nombre élevé, force est de constater qu'elles furent rarement invitées en tant que panélistes dans les grandes conférences, sauf lors de l'assemblée de clôture. En 2003, le comité organisateur du FSM va-t-il venir à bout d'en faire autant concernant les conférences, se demande Nicole Nepton de Cybersolidaires.

Une des résolutions les plus mobilisatrices consiste dans la mondialisation du FSM afin d'élargir la participation. Le FSM s'enracinera donc dans chaque continent au moyen de forums régionaux qui auront lieu au cours du deuxième semestre de chaque année. Ces forums régionaux faciliteront une inclusion réelle des femmes et de tous ceux qui n'ont pas les moyens de se rendre au Brésil, permettant tout particulièrement aux délégations africaines et asiatiques de participer aux discussions. Le forum social régional d'Amérique du Nord pourrait se tenir dès octobre prochain.

Un autre monde socialiste est possible

Naomie Klein, venue au campement Jeunesse donner un atelier au début du FSM, a mentionné l'importance pour les jeunes de s'impliquer davantage au sein du FSM officiel, afin de maintenir une pression à la radicalisation sur les orientations et pistes d'action du FSM. Il est remarquable de voir qu'il y a eu quasi-unanimité sur la déclaration finale de la Rencontre internationale de la jeunesse pour affirmer qu' « un autre monde socialiste est possible ».

Le FSM 2002 a insisté sur l'importance pour les divers mouvements de travailler ensemble, de créer des convergences au-delà des divergences et de lier les luttes locales aux dimensions globales. Le FSM 2003 pourrait avoir pour objectif de se pencher sur les défis que pose ce constat. Concrètement, constate Ève Gauthier du Centre des médias alternatifs québécois (CMAQ), il s'agira de voir comment réformistes et anarchistes peuvent contribuer à construire un même rapport de forces. Parce que seule l'unité des divers mouvement d'opposition permettra de barrer la route à la mondialisation capitaliste, de restaurer la justice sociale et le respect de l'environnement.

Les femmes feront les frais de la concurrence dans les services

Dans un compte rendu fort intéressant, Colette Lelièvre de Cybersolidaires constate que les femmes feront les frais de la concurrence dans les services. Selon les défenseurs du traité de création d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), les services fondamentaux en santé et en éducation ne seraient pas touchés par la ZLÉA car ils sont considérés comme non commerciaux.

On peut en douter quand on voit les poursuites judiciaires en chaîne des entreprises contre les gouvernements. Il est donc à craindre que les gouvernements libéralisent davantage les services sous prétexte d'éviter de coûteuses poursuites judiciaires. Quand on sait que ce sont les femmes qui subissent le plus les conséquences des coupures dans les services sociaux, nous devons nous demander, dit Lelièvre, si le traité de la ZLÉA protège leurs droits et surtout s'il améliore leurs conditions de vie. Bref, il est d'une importance capitale pour les femmes et les mouvements des femmes de s'intéresser aux négociations des traités et des accords qui freineront l'accès à des conditions de vie justes et équitables et la participation active à la vie citoyenne.

Les politiques néolibérales ne sont pas neutres du point de vue du genre

Emmanuelle Piron des Pénélopes souligne à son tour l'impérative nécessité d'une lecture féministe des conséquences socio-économiques des accords de commerce multilatéraux en faisant ressortir que les politiques néolibérales ne sont pas neutres du point de vue du genre.

L'initiative d'un tel questionnement a germé après la plate-forme de Beijing en 1995, mais le groupe de travail proprement dit s'est mis à pied d'œuvre il y a deux ans, coordonné par le Grupo de Educación Popular Con Mujeres (GEM), le réseau Women In Development Europe (WIDE), et le Centro de Intercambio y Servicios Cono Sur (CISCSA).

La première phase maintenant achevée consistait à établir un état des lieux de la question du genre, en relation avec les accords commerciaux entre l'Europe et l'Amérique du Sud, à partir d'enquêtes de terrain, d'études de cas et d'analyses sectorielles (l'agriculture en particulier). Armées des deux ouvrages édités en novembre 2001, qui font la synthèse de tous ces travaux, les femmes portent désormais leurs efforts sur une large sensibilisation à ces problèmes et sur le lobbying politique.

Le patriarcat et le fondamentalisme économique sont au Nord comme au Sud

Quelques femmes universitaires ont travaillé à l'élaboration d'un ensemble d'indicateurs socio-économiques simples, qui fournissent une grille de lecture des situations nationales en termes d'égalité des sexes, tout au moins pour le secteur formel.

Les indicateurs regroupés en trois catégories (« de situation », «d'évolution » et « de volonté politique des gouvernements en termes de droits sociaux et de considération de la question du genre ») visent à permettre l'intégration de la perspective de genre dans l'analyse socio-économique. Ce modèle est radicalement nouveau parce qu'il intègre le développement social et la question de genre complètement ignorés ou écartés par l'accent mis sur la seule rentabilité.

Bref, on peut conclure comme Nicole Nepton que 0 « Beijing a permis de rompre la séparation Nord-Sud. Il faut maintenant comprendre les conséquences spécifiques du patriarcat et du fondamentalisme économique au Nord comme au Sud et lutter ensemble comme nous l'avons fait par exemple lors de la Marche mondiale des femmes en l'an 2000. »

(Source 0 cybersolidaires.org)