Brèves

 

l'aut'journal l'avait vu venir 0 Tentative de coup d'État contre Hugo Chavez

En titrant mon article du mois de mars dernier Coup d'état à la chilienne au Vénézuéla ?, je ne croyais pas si bien dire ! En effet, le milieu des affaires vénézuélien appuyé par certains secteurs de l'armée a brièvement évincé du pouvoir Hugo Chavez dans la nuit du 11 au 12 avril dernier.

Sans les immenses manifestations populaires réclamant son retour de la base militaire où il était retenu prisonnier, le coup aurait réussi.

Élu en 1998 par une majorité d'environ les deux tiers, Hugo Chavez a jusqu'à maintenant gouverné clairement en faveur de la grande majorité de pauvres de son pays, entreprenant une transformation majeure de la société baptisée « révolution bolivarienne » (du nom du libérateur de l'Amérique du Sud, Simon Bolivar).

Dans les jours précédant le putsch raté, il avait annoncé une augmentation de 20 % du salaire minimum des employés de l'État et exhorté le secteur privé à emboîter le pas.

Il venait aussi de remplacer en bloc les 26 membres du bureau de direction de la compagnie nationale des pétroles, provoquant une grève de la part des cadres intermédiaires et supérieurs de la gigantesque entreprise, laquelle rapporte au pays 80 % de ses revenus en devises.

Cette grève serait à l'origine des violentes manifestations et contre-manifestations du 11 avril au cours desquelles au moins 13personnes (la plupart des partisans de Chavez) ont été tuées par des «snipers » tirant sur la foule à partir des édifices du centre-ville de Caracas dont le maire et le chef de police sont des adversaires du président.

Selon l'hebdomadaire Weekly News Update of the Americas, le coup d'état avorté a coïncidé avec une visite à Miami et Washington du colonel vénézuélien Pedro Soto, celui-là même qui s'était emparé de la télévision en février dernier pour demander la démission du président Chavez.

Le quotidien mexicain La Jornada mentionne que, interrogé sur les raisons de sa présence aux États-Unis en ces jours si importants pour son pays, Soto aurait répondu qu'il n'avait fait que « répondre à des invitations » de la part de deux législateurs cubano-américains de droite, Ileana Ros-Lehtinen et Lincoln Diaz-Balart.

On y reviendra.

Des chiffres qui font réfléchir

Ceux qui ont l'avenir du français à cœur se préoccupent avec raison de la baisse continue du poids du Québec au Canada, dont témoignent de nouveau les résultats du recensement de 2001. Qu'en sera-t-il bientôt du pouvoir politique du Québec et, partant, du Canada français ?

Une semblable prise de conscience quant au déclin du pouvoir politique des francophones à l'intérieur du Québec se fait cependant attendre. C'est que deux ou trois démographes prétendent encore – le dernier en date étant Victor Piché dans l'Annuaire Québec 2002 – que malgré une très forte immigration et trop peu de transferts linguistiques vers le français, le poids des francophones serait en hausse dans la région de Montréal.

Si l'on refuse leur façon de fausser les chiffres, on constate que depuis le recensement de 1986 le poids de la population francophone à Montréal baisse à peu près aussi rapidement que le poids du Québec dans l'ensemble canadien. Si la tendance se poursuit, qu'en sera-t-il à la longue de la volonté de maintenir un Montréal français ? Comme pour le pouvoir du Québec au Canada, le pouvoir du français à Montréal est une question de poids et de nombre.

À l'instar de la Commission Larose, le Conseil de la langue française a choisi de ne pas nous éclairer sur un sujet aussi essentiel. En fait, le Conseil a cessé depuis belle lurette de nous renseigner correctement sur l'évolution du poids de la population de langue française selon la langue maternelle ou la langue d'usage à la maison. Il préfère s'amuser avec un indice synthétique de langue d'usage public qui ne tient pas debout.

En attendant les résultats de 2001 touchant les indicateurs linguistiques fondamentaux, il est grand temps que le gouvernement rappelle le Conseil à ses devoirs.

La soirée du lock-out à Radio-Canada

Afin de souligner le début de la septième semaine du lock-out décrété par la Société Radio-Canada à l'encontre des membres du Syndicat des communications (SCRC-CSN), «lock-out illégal », selon le président du syndicat, Michel Couturier, un important spectacle de solidarité sera organisé le 6 mai au Spectrum de Montréal.

Rappelons que la société d'État avait refusé, le 23 mars dernier, de réintégrer les employés membres de ce syndicat à la suite d'une grève de 24 heures dénonçant l'immobilisme dans les négociations en cours. Le prétexte de la SRC ? Le concept de grève de 24 heures n'étant pas officiellement défini par le Code canadien du travail, il s'agissait d'une grève générale illimitée.

Bien que les négociations, interrompues par la partie patronale, aient depuis lors repris au ralenti, seule une minorité des points prévus à l'ordre du jour ont jusqu'à présent pu être abordés, avec un succès tout relatif. Ainsi, un règlement semble encore loin d'être conclu et on noterait même certains reculs, entre autres sur la question fort importante de la précarité d'emploi, d'où découleraient entre autres les problèmes d'inéquité salariale francophones-anglophones, bien qu'une entente soit intervenue quant à l'inéquité hommes-femmes et sur celle des monographies d'emploi.

Cependant, la soirée, animée notamment par Pierre Maisonneuve et Bernard Derome, promet de ne pas être triste malgré les déplorables circonstances, avec une trentaine d'artistes de renom, dont Yvon Deschamps et Richard Séguin, qui viendront apporter leur soutien aux employés «cadenassés ». Les contributions volontaires seront versées au comité d'aide financière aux employés en lock-out.

Au Spectrum, 318, rue Sainte-Catherine Ouest, le lundi 6 mai à 19 h.