Cinq cinéastes réchauffent la planète

 

Aventureux, cinq cinéastes expérimentés ont décidé de décortiquer la problématique du réchauffement de la planète en réalisant cinq documentaires en Arctique. Le grand départ du Sedna iv, l’élégant voilier à trois mâts à bord duquel ils se rendront jusqu’à Vancouver par la route du Nord, est prévu pour le 16 juin prochain des Îles-de-la-Madeleine, suite à une série d’escales dans les grandes villes des rives du Saint-Laurent.

L'aut’journal a rencontré le producteur et réalisateur Jean Lemire, chef de cette expédition baptisée « Mission Arctique » qui poursuit des objectifs essentiellement éducatifs, d’où l’intérêt des cinéastes à largement médiatiser leur projet. En effet, en plus des six mois de tournage pleins de rencontres scientifiques et culturelles dont les résultats seront présentés à Télé-Québec et à CBC (à The Nature of Things l’émission de David Suzuki, qui parraine la mission avec Frédéric Back), avant d’être diffusés sur des chaînes françaises, ces créateurs nous invitent à les suivre pas à pas dans leurs découvertes via leur site Web (www.onf.ca/sedna), ou simplement en s’inscrivant, à partir dudit site, à leur liste d’envoi électronique. Celle-ci sera porteuse, chaque 48 heures, pour autant que la météo le permette, communications par satellite obligent, de nouvelles fraîches de l’expédition.

La question du réchauffement climatique étant controversée et ses fondements encore méconnus, chaque cinéaste l’abordera d’un point de vue différent. Patricio Henriquez analysera d’ailleurs dans son film la confrontation entre le Nord et le Sud dans leur vision du problème.

Jean Lemire, nous confie qu’il rêve depuis plus de 12 ans de ce voyage. « C’est une chance unique d’être complètement perdu dans la nature et de naviguer là où personne n’a encore jamais navigué », dit-il avec le sourire. M. Lemire compte réaliser un film sur la traversée elle-même, compte tenu que la découverte de l’Arctique et de ses attraits constitue pour lui une source de motivation aussi grande que la sensibilisation du grand public à la problématique du réchauffement de la planète. Il précise tout de même gravement 0 «L’augmentation de la température pourrait aller jusqu’à 8 °C dans le Nord, ce qui contribuerait à un amincissement considérable de la glace, sinon à sa fonte. »

C’est dans cette optique que Caroline Underwood réalisera un documentaire sur l’effet de cette fonte sur les animaux du Nord, et Carlos Ferrand, sur les populations autochtones.

L’équipage du Sedna iv, en effet, ne se contentera pas de faire appel aux Inuits à titre de guides à différents moments de son voyage, mais a aussi l’intention de leur laisser la parole. M. Lemire est clair à ce sujet 0 « Ce serait bon de les écouter ! Leur capacité d’adaptation et leur fort rapport à la nature font d’eux les premières personnes aptes à proposer des solutions. »

L’accroissement de l’effet de serre risque d’entraîner des inondations en plus de la hausse de température. La latitude semble déterminante de la gravité de l’augmentation des précipitations.1 Les pays situés à proximité de l’équateur et à 60° de latitude Sud et Nord seront davantage touchés par l’augmentation des pluies, tout comme le Pôle Nord (90° de latitude Nord) le sera davantage par la fonte des glaces due à la hausse de température.

Dans cette affaire, il est difficile de nier la responsabilité de l’homme. En effet, les gaz à effet de serre, c’est-à-dire principalement la vapeur d’eau et le gaz carbonique, qui empêchent l’énergie solaire de ressortir de l’atmosphère assez rapidement, subissent une croissance de concentration qu’on ne peut associer à celle, naturellement observée, beaucoup moins abrupte.

Hervé Morin impute cette augmentation à l’ère industrielle et à toutes les habitudes qui en découlent.2 On ne peut non plus nier le fait que la planète se réchauffe. Morin s’accorde avec Jancovici pour dire que la preuve la plus prononcée du réchauffement est l’opposition de température entre le jour et la nuit. En effet, les températures nocturnes croissent sans crier garde !

La Mission Arctique a donc autant à découvrir qu’à faire découvrir, et elle est bien équipée pour y parvenir 0 des caméras haute-définition qui filmeront autant dans l’eau que sur la terre nous ramèneront les souvenirs de leur expédition. Souhaitons à David Suzuki que son vœu de voir la mission « contribuer à la conscientisation de la population mondiale au réchauffement de la planète » se réalisera.

1. Hervé Morin, « Le vingtième siècle a été fortement affecté », Le Monde, 3 octobre 2001. http0//www.lemonde.fr/article/0,5987,3244,3848,228597-,00.html

2. Jean-Marc Jancovici, Effet de serre 0 le réchauffement climatique. http0//www.fnh.org/francais/faq/effet_serre/