506 000 personnes seules extrêmement pauvres

 


Un barème plancher s’impose



Le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) déposait, en septembre, son mémoire à la Commission des affaires sociales qui est chargée d’étudier le projet de loi 112 contre la pauvreté et l’exclusion. Ce projet de loi tant attendu, bien qu’accueilli positivement en juin dernier, a suscité une part justifiée de critiques et de revendications.

Les revendications du FCPASQ visent à améliorer ce projet de loi qui doit entrer en vigueur en mars 2003. D’entrée de jeu, le collectif salue « le courage politique du gouvernement du Québec pour avoir déposé le projet de loi 112 0 un document imparfait mais nettement à contre-courant du vent de droite et d’individualisme égoïste préconisé par Mario Dumont et, plus récemment, par Jean Charest avec son plan d’action pour réinventer le Québec ».

Après avoir rappelé que la pauvreté prend de l’ampleur au Canada, que la discrimination se généralise au niveau des banques, des gouvernements et par les propriétaires immobiliers, le document expose les ratés d’Emploi Québec et du système d’aide sociale actuel.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes 0 en 1999, le nombre de personnes seules extrêmement pauvres s’élevait à 506 000, soit 65 % de plus qu’en 1990.

Trois mesures minimales

Le document, qui expose clairement les lacunes du système d’aide sociale, propose une série de mesures devant agir à court, moyen et long termes.

À court terme, trois mesures s’imposent, la première étant l’instauration d’un « barème plancher » visant à rétablir le « droit à un revenu décent » grâce auquel une partie ou la totalité de la prestation d’aide sociale versée ne pourrait être touchée sous quelque prétexte que ce soit.

Le rétablissement de la gratuité des médicaments représente une autre nécessité immédiate, selon le mémoire qui condamne les conséquences du virage ambulatoire de 1996, cette coupure ayant « entraîné une augmentation du nombre d’hospitalisations, d’institutionnalisations et de décès, de visites médicales et de visites à l’urgence ».

Troisièmement, la nécessité immédiate recommande d’exempter fiscalement les pensions alimentaires versées au bénéfice d’un enfant. Cette exemption existe déjà au niveau de l’impôt que paient les travailleurs, alors pourquoi pénaliser ainsi les bénéficiaires et leurs enfants ? Pour le Front, « il s’agit simplement d’une question d’équité et de justice sociale. C’est également une façon concrète et simple de s’attaquer directement à la pauvreté des enfants. »

À moyen et à long terme, le Front revendique des mesures s’attaquant aux causes et aux racines du problème de la pauvreté.

En ce sens, un débat public doit être mis de l’avant par le gouvernement sur la garantie de revenu. De plus, la loi devrait être amendée de façon à répondre aux huit recommandations émises en 1996 par le Collectif pour une loi sur l’élimination de la pauvreté.

Enfin, la démarche du FCPASQ se conclut sur la nécessité à long terme d’instaurer un revenu de citoyenneté, faisant ainsi écho à la campagne menée par Michel Chartrand, avec la publication par l’aut’journal du Manifeste pour un revenu de citoyenneté, écrit conjointement avec Michel Bernard.

Aussi, le premier plan d’action prévu par la loi 112 devra, selon le collectif, apporter une majoration du revenu des prestataires aptes au travail sinon, nous promettent-ils, il y aura une montée aux barricades !

Descendons dans la rue

Jean-Yves Desgagnés, porte-parole du FCPASQ, nous confiait en entrevue que des actions militantes sont prévues pour les mois à venir.

Du 21 au 28 octobre, il y aura une occupation du parc de l’Esplanade à Québec, où se tiendra une agora d’éducation populaire sur les enjeux relatifs à la loi 112.

Le 30 novembre se déroulera à Montréal une manifestation, doublée d’une mobilisation culturelle avec la participation d’artistes.

Après ces événements, rendez-vous lors des prochaines élections provinciales, au cours desquelles les différents fronts sociaux mèneront une campagne parallèle.

Quant à la question électorale, la rumeur concernant la candidature indépendante de Jean-Yves Desgagnés dans la circonscription de Jean-Lesage n’est pas démentie. Les modalités à cet effet doivent se préciser d’ici décembre, si tout va bien.

Comme quoi la solution à l’écœurement face aux vieux partis ne passe pas seulement par l’ADQ.