Gréviste de la honte

 

À la suite de l'intervention de Pierre Dubuc sur la grève à la fonderie Horne à Rouyn-Noranda sur les ondes de Radio-Canada à l'émission de Joël Le Bigot, Samedi et rien d'autre du 12 octobre, un gréviste a fait parvenir cette lettre que nous reproduisons avec son accord.

Je voudrais vous remercier pour l'exposé de votre journaliste sur le conflit que nous vivons à la Horne. Ses dires étaient exacts. Ce n'est pas une grève, mais un lock-out déguisé. Ils ont menacé de toucher à la séniorité pour nous obliger à sortir d'la shop.

C'est un conflit de travail qui est sale, car la Noranda contrôle l'information, les journalistes régionaux, les banques, la police. On en est rendu à devoir faire du piquetage devant les maisons des boss, car on nous a enlevé le droit de faire un piquetage honorable because l'injonction.

C'est une grève sale. Il y a un jeune cadre qui s'est fait arracher la jambe à partir de la hanche. Un jeune qui n'avait jamais travaillé comme serre-frein sur des wagons en marche. Son nom 0 Stéphane Robert, 35 ans. Il commence à réaliser que c'est pas la Noranda qui va tondre sa pelouse. En plus, c'était un scab.

Une grève sale pour donner à la Noranda le droit d'envoyer dans le ciel pendant une autre année 1000 tonnes métriques de SO2 dans l'atmosphère par jour, parce qu'ils aiment mieux produire que de respecter des promesses qui faisaient la une des quotidiens.

Une grève sale, car imaginez-vous qu'ils ont fait venir de Montréal l'escouade qui s'appelle Avant-garde. Une gang de molosses pour nous intimider, hi hi hi hi, nous autres, du monde qui défie la mort à toutes les fois qu'on entre dans le smelter à sniffer du bérélium, de l'arsenic, pis du plomb.

Une grève sale avec le chef comptable de la Horne qui trône à la Chambre de commerce avec les directeurs de banque véreux qui négocient avec les grévistes pour majorer leurs cartes de crédit pour pouvoir payer l'hypothèque de la maison au lieu de reporter les paiements comme le fait si bien la Caisse populaire qui est la seule à nous soutenir.

J'aimerais savoir c'est qui le journaliste qui a mentionné notre conflit et si c'est possible d'avoir l'enregistrement de l'émission, car j'en ai manqué un bout. J'étais à corder mon bois, car icitte quand le vent tourne au nord, c'est pas long qu'on se fait baiser par lui.

Je vous remercie encore et mon Abitibi vous gratifie.

Daniel Guimond

Rouyn-Noranda