Droite comme Léa Roback

Un monument commémoratif

Pour que vive la mémoire de Léa Roback, tel est le titre de l'œuvre commémorative créée en direct par Armand Vaillancourt lors d'un encan d'artistes de renom (notamment Clémence Desrochers, René Derouin, Vittorio) tenu le 2 novembre dernier à l'auditorium de l'école FACE, au profit de la Fondation Léa Roback. Début décembre, la sculpture a pris le chemin du Salon des métiers d'art du Québec dans l'espace réservé au Musée du bronze d'Inverness. Le monument hommage triomphait avec à ses côtés « Force tranquille », une œuvre en bronze réalisée par l'artiste dans les années 1960. La sculpture a finalement élu domicile fixe dans le hall d'entrée de la Maison Parent-Roback.

Décrire son œuvre n'est pas toujours facile pour un artiste. « En te parlant, j'ai mille images qui m'apparaissent en même temps et j'ai de la misère à contrôler tout ça », me confie Armand Vaillancourt en énumérant les matériaux dont il s'est servi, les techniques qu'il a privilégiées, la forme arrêtée pour réaliser le monument. « Une œuvre, c'est comme la gestation d'un enfant », ajoute-t-il.

« Des marches d'escalier en pin que j'ai rassemblées pour former une colonne, commence-t-il. Puis, j'ai creusé à la toupie des trous dans lesquels ont été insérées trente-six lentilles de photocopieuse, donnant ainsi une impression de petites alcôves. Je l'ai assise sur quatre feuilles de plywood de trois-quarts de pouce vissées ensemble. Je voulais que ce soit généreux », précise-t-il. La contremarche en rappel offre au regard un beau volume, une belle rondeur féminine. Le bois, matière vivante, affirme la chaleur, l'amour et la compassion. « Aux quatre coins, il fallait des pieds pour en contrôler le niveau, insiste-t-il, car je la voulais droite comme Léa Roback, cette colonne. »

La flamme qui éclaire son sommet, actionnée par un ventilateur, appelle au ralliement. Un dernier détail retient l'attention. Quatre citations de la regrettée syndicaliste déposées au pied du monument rappellent son courage et sa détermination.

Décédée à l'âge de 97 ans, Léa Roback aurait eu 100 ans en 2003. Cette toute petite grande dame, combattante infatigable, a consacré plus de 50 ans de sa vie à la défense des ouvrières et des ouvriers, à leur droit de se syndiquer ainsi qu'à l'amélioration des conditions sociales des familles et des femmes.