Les mêmes conditions de travail pour tous

5 200 travailleuses et travailleurs du secteur préhospitalier en grève au Québec

2017/06/19

Des centaines de travailleuses et de travailleurs du secteur préhospitalier, en grève depuis le début février, se sont donné rendez-vous, le 16 mars dernier, devant le quartier général d’Urgence-santé. Il s’agit du seul employeur où se tiennent encore des négociations. Cette manifestation intersyndicale servait d’appui aux négociations pour le renouvellement des conventions collectives échues depuis 2015.

« Pendant ces deux années, il y a eu plusieurs rencontres, mais pour ce qui est d’Urgence-santé, on débute les discussions sur les matières concrètes de la convention. On s’attend à ce que l’employeur dépose ses offres d’ici la fin du mois de mars. On discute beaucoup, mais il n’y a pas beaucoup de résultats. C’est inacceptable qu’après deux ans, on ne soit pas rendu plus loin que ça. On va mettre de la pression pour faire passer le message et accélérer la cadence des rencontres », d’expliquer en entrevue à l’aut’journal, Réjean Leclerc, président du Syndicat préhospitalier de la CSN.

Le 21 décembre 2016, le ministre Barrette a imposé, dans une lettre, le contenu d’un nouveau contrat de services ambulanciers aux employeurs privés. Ces entreprises privées de services ambulanciers opèrent dans la plupart des régions du Québec, sauf Montréal et Laval qui sont desservies par Urgence-santé, un service public.

Selon les employeurs privés, les modifications effectuées au contrat imposé par le ministre représentent des compressions budgétaires de 121 millions de dollars pour les entreprises ambulancières.

Dans sa lettre, le ministre de la Santé avertit les employeurs privés qu’à défaut d’une entente entre les deux parties, dans les 90 jours suivant la réception de sa lettre, le gouvernement pourra décréter les termes et conditions du contrat.

« Le ministre Barrette veut, de façon détournée, réduire les conditions de travail. On se retrouve avec des négociations à coût nul. Il veut charcuter nos conditions de travail pour les réinvestir ailleurs dans la convention. Nulle part, dans le secteur public, les négociations ne mènent à ce genre de scénario », d’ajouter M. Leclerc.

Puisque Urgence-santé est un organisme public, le ministre est présent à la table de négociation. « On veut que les offres qui seront déposées à la table d’Urgence-santé s’appliquent aux paramédics employés par les entreprises privées », d’indiquer Réjean Leclerc.

Pour les syndicats, tout le secteur préhospitalier doit bénéficier des mêmes conditions de travail. Le Ministère doit comprendre qu’il ne pourra pas régler les conventions collectives avec les syndiqués d’Urgence-santé sans s’engager à dégager les mandats nécessaires pour des règlements à toutes les tables.

Parmi les points en litige, on trouve les salaires, le régime de retraite et les horaires de faction. Un horaire de faction consiste à être disponible 24 heures par jour sur une période de sept jours, qui est suivie d’une période de sept jours de congé. Seuls les paramédics à l’extérieur de Montréal et Laval ont ce type d’horaire.

« Lorsqu’il y a trop d’appels au cours de la semaine, les paramédics sont trop souvent éveillés. La fatigue s’installe à cause des appels de jour, de soir et de nuit. De plus, en région, les transports sont beaucoup plus longs qu’à Montréal à cause des distances », de souligner Réjean Leclerc.

Le président du Syndicat précise que « la conciliation travail-famille est très difficile. L’ambulancier doit pouvoir compter sur une personne disponible pour garder ses enfants lorsqu’il quitte pour un appel ».

Les paramédics fournissent les services essentiels pendant la durée de la grève. Ainsi, tous les quarts de travail seront assurés par les paramédics. Ceux-ci répondront à tous les appels et à toutes les affectations.

Par contre, les ambulanciers ne feront pas le lavage extérieur des véhicules ambulanciers, sauf si requis pour la sécurité (clignotants, gyrophares, bandes réfléchissantes, miroirs, fenêtres, etc.). Le lavage de l’intérieur des véhicules ambulanciers sera effectué de façon à prévenir les infections.

Plus de 5200 travailleuses et travailleurs du secteur préhospitalier sont actuellement en grève, partout au Québec. Ensemble, la CSN et la FTQ en regroupent près de 4600.