Vive les journaux papier !

2017/06/20

Pour des commentaires rapides sur l’actualité, Internet est imbattable. Mais, pour des articles de fond, plus longs, demandant une plus grande attention, le papier est encore irremplaçable.

Sur Internet, l’attention du lecteur n’est attirée que par le titre et une photo, alors que la page papier offre tout de suite à la vue : titre, sous-titre, exergue, photo, vignette, et longueur de l’article, donc son importance relative.

Des études démontrent que l’internaute ne fait souvent que surfer sur les différents sites d’information, y restant la plupart du temps moins d’une minute, alors qu’on consacre un bon moment à la lecture d’un journal papier.

En principe, Internet permet de joindre un public plus large, mais Facebook, qui est aujourd’hui la principale source d’information pour une majorité de la population, utilise un algorithme secret, dont on sait maintenant qu’il nous conforte dans nos opinions et nous prive d’opinions contraires. 

Quand Facebook a ajusté son algorithme en juin dernier pour augmenter son avance sur les médias traditionnels, Adam Mosseri, vice-président du fil d’actualités de la compagnie, a déclaré : « Notre activité consiste à connecter les personnes et les idées, et à fournir aux gens les histoires qui correspondent à leurs attentes. 

Nous faisons cela non seulement parce que nous pensons que c’est la bonne solution, mais aussi parce que c’est bon pour notre chiffre d’affaires. Lorsque les gens voient un contenu qui les intéresse, ils sont plus susceptibles de passer du temps sur le fil de nouvelles et d’apprécier leur expérience. »

Pour joindre un nouveau public et le sensibiliser à des idées nouvelles, le journal papier devient donc un véhicule indispensable.

Il est possible de lancer un site Internet respectable avec des moyens financiers limités. Cependant, pour un journal sur support papier, il faut comptabiliser les coûts de  l’imprimerie et de la distribution, les frais postaux, l’entreposage, la gestion des abonnements, etc. 

Dans le cas de l’aut’journal, s’ajoute le fait que nous avons décidé, il y a plusieurs années, de privilégier la distribution gratuite du journal. 

Au départ, nous avons expérimenté la vente en kiosques, mais nous nous sommes rendu compte qu’il fallait des moyens financiers considérables – hors de notre portée – en termes de publicité dans les autres médias, pour s’assurer que notre journal soit distribué adéquatement. 

Si, aux États-Unis et en France, quelques médias alternatifs sur Internet affichent une certaine rentabilité, c’est parce qu’ils peuvent compter sur un nombre appréciable d’abonnés payants et/ou sur le soutien de riches mécènes. 

Au Québec, nous n’avons pas rencontré de mécènes prêts à investir dans une presse libre et indépendante. De plus, un lectorat payant, proportionnellement similaire, issu d’une population de quelque 7 millions de francophones (Québec) comparativement à 70 millions (France) et à 350 millions (États-Unis), ne fait pas le poids pour défrayer des coûts de production comparables. 

Autrement dit, s’il existe, aux États-Unis et en France, un marché pour des publications marginales, au Québec, c’est l’ensemble du marché qui est marginal. 

Le premier ingrédient de ce qui a été une recette gagnante pour l’aut’journal est le militantisme de ses chroniqueurs, dont aucun n’est rémunéré pour ses articles. 

Pendant plusieurs années, nous n’avons eu qu’un employé permanent rémunéré, soit Louis Bourgea, qui s’occupe de la permanence et de l’intendance. 

Plus récemment, nous avons pu embaucher, de manière intermittente, un ou une reporter pour le beat syndical, une longue tradition abandonnée aujourd’hui par tous les grands médias, bien que près de 40 % de la main-d’œuvre soit syndiquée et que les organisations syndicales représentent des acteurs incontournables dans notre société. Richard Lahaie occupe présentement ce poste. 

À défaut de revenus de publicités commerciales et de subventions gouvernementales, l’aut’journal compte essentiellement sur le soutien financier de son lectorat et d’organisations syndicales pour boucler un budget d’environ 200 000 $ par année. 

Dans un contexte général où la pensée unique néolibérale, dans ses différentes variantes, domine toujours dans les grands médias, et que le projet souverainiste est, à toutes fins utiles, mis sur la touche, s’impose plus que jamais la nécessité d’une presse libre et indépendante, progressiste et indépendantiste. 

Pour accomplir cette mission, l’aut’journal projette d’augmenter son tirage – actuellement de 20 000 exemplaires – et sa diffusion. 

En plus de notre reporter syndical, nous aimerions procéder à l’embauche d’un reporter dont l’attribution serait de réaliser des reportages sur les régions. 

Enfin, nous voulons publier d’autres carnets et des livres sur des questions relatives au monde ouvrier et syndical, de même que sur des sujets touchant l’indépendance du Québec. 

Pour cela, nous avons besoin de votre soutien financier. Nous vous invitons donc à vous abonner, à faire un don ou à devenir membre des AmiEs de l’aut’journal en remplissant le coupon ci-dessous ou en vous rendant sur l’onglet Abonnement/Don sur notre site Internet.