Débats des chefs en Acadie et au Québec

2018/09/07

Le journal L’Acadie Nouvelle nous apprenait, le 17 août dernier, que Radio-Canada Acadie prévoyait remplacer le traditionnel débat des chefs en français, tenu dans le cadre des élections provinciales, par un « forum citoyen bilingue ». Ceci en collaboration avec la CBC. 

En mai dernier, The Gazette nous apprenait que les quatre principaux partis politiques au Québec avaient donné leur accord pour participer au premier débat en anglais, tenu dans le cadre des élections « provincia-les » au Québec. 
Rappelons que le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada. A contrario, le Québec est la seule province qui a le français comme seule langue officielle. 
Certains prétendront que le débat en anglais au Québec est nécessaire par « courtoisie » envers nos ci-toyens anglophones. Mais alors, quid de la « courtoisie » au Nouveau-Brunswick envers les francophones ? 

Je ne vois pas d’illustration plus cinglante de la réalité concrète de la dynamique des langues au Canada : L’anglais domine partout, même au Québec, alors que les droits des francophones sont bafoués partout hors Québec, même dans la seule province pourtant officiellement bilingue ! Voilà la réalité du Canada : une égalité de façade et une inégalité de fait. Un beau selfie devant un décor de carton-pâte. 

Au Québec, en acceptant ce débat historique en anglais, nos élites politiques viennent de se soumettre docilement à la Loi sur les langues officielles fédérale et réalisent un des plus vieux fantasmes d’Ottawa, soit de mettre aux poubelles l’esprit de la Charte de la langue française et de faire du Québec – à nouveau – un district bilingue. 

Dans la Loi sur les langues officielles pondue par Trudeau père, la langue est comprise comme résultant d’un choix fait par un individu. Il en résulte que la langue choisie par le plus grand nombre d’individus (l’anglais, naturellement) écrase mécaniquement celle qui est choisie par le groupe le moins nombreux (le français, naturellement). 

Ces événements nous font aussi entrevoir l’avenir qui nous guette au Québec : Un jour, plus tôt qu’on ne le pense, il n’y aura plus de débat en français, mais un « forum citoyen bilingue ».