Vice, un film sur l’indéfendable vice-président Dick Cheney

2019/01/25

VICE, film biographique américain écrit et réalisé par Adam McKay sur le vice-président Dick Cheney, sans doute le politicien que j’ai le plus détesté dans ma vie, je ne pardonne pas à ce film d’avoir éclipsé totalement celui de Spike Lee.

Comment pourrais-je alors écrire une critique équilibrée sur un film qui a choisi de mettre en valeur les qualités humaines de l’homme de pouvoir le plus détestable de la fin du XXe siècle ?  Tel Michel Chartrand, j’avais le goût de crier HUMAN INTEREST chaque minute d’un film si intelligemment fabriqué qu’il réussira à contenter à la fois les gens de gauche moins informés et tous les gens de droite et surtout d’extrême-droite qui se régaleront de : 

– son amour réel pour sa femme interprétée avec discrétion par Amy Adams,

– sa capacité de travail à peine entravée par deux crises cardiaques, 

– son amour de la campagne et des chiens qu’il élève avec sa femme adorée,
– enfin, son amour paternel pour sa fille Mary, lesbienne troublée à juste titre par les conseils de ses parents à sa sœur Liz de la renier, afin de faciliter son accession comme républicaine à la Chambre des Représentants où elle siège, comme de fait, élue au Wyoming par 62 % des suffrages. Proprement dégoûtant.

Le film montre donc la difficile ascension sociale dont la carrière s’est vue facilitée par une absence totale de scrupules qui l’a fait, dès ses débuts, endosser la canaille Donald Rumsfeld (joué par Steve Carell au sourire carnassier), Secrétaire à la Défense avant lui, celui que certains accusent d’avoir vendu des gaz toxiques à Saddam Hussein pour massacrer des centaines de Kurdes et des milliers d’Iraniens.

Les actions de Cheney dans sa compagnie paramilitaire Halliburton ont grimpé de 500 % suite à l’invasion de l’Irak et le vice-président ne fut pas étranger aux malversations criminelles de Blackwater, l’armée privée la plus puissante du monde, responsable de Guantanamo et autres lieux de tortures de prisonniers de guerre détenus sans procès.
   Deux représentantes en sciences politiques ont blâmé les nombreuses inexactitudes historiques du film à Radio-Canada. Mais il est impossible d’illustrer en images le demi-million de morts et le Moyen-Orient totalement sens dessus dessous, causés par cette vermine à qui le film donne en outre le mot de la fin où il prétend que « l’Amérique n’a pas connu d’autre attentat terroriste genre 9/11 parce qu’il a su frapper fort… »


Certaines réussites du film vous feront peut-être malgré tout pardonner une partie de ses défauts épouvantables, grâce à des vérités oubliées en cette ère Trump, entre autres la bêtise totale de George W. Bush que Sam Rockwell illustre de son plus beau sourire benêt. Et la plus grande réussite, c’est Christian Bale, une personnification parmi les plus réussies de tous les biopics des dernières années. On l’a vu aux Golden Globe Awards, le 6 janvier, avec 50 livres en moins à nouveau et tous ses cheveux.
On a particulièrement apprécié ce que les journalistes commentant le gala ont passé sous silence : Ses cyniques remerciements à Satan pour lui avoir inspiré son interprétation fabuleuse de Dick Cheney, en effet pas mal plus diabolique que les plus sombres incarnations de Batman, même mises en scène par Christopher Nolan.