30 000 milliards $ gaspillés

Jimmy Carter dénonce les dépenses militaires états-uniennes

2019/09/06

À l’âge de 94 ans, le 5 avril 2019, Jimmy Carter – le plus ancien président américain vivant – a prononcé devant sa communauté son discours traditionnel du dimanche des Rameaux. Son prêche à l’église baptiste Maranatha de Plains, en Géorgie, révéla le contenu d’une conversation tenue la veille avec Donald Trump (confirmée par la Maison-Blanche). 

Répondant à l’inquiétude du président que la Chine était en train de devancer les États-Unis, Carter a révélé à sa communauté religieuse sa réponse : « C’est vrai, Monsieur le Président. Et savez-vous pourquoi ? J’ai normalisé les relations diplomatiques avec la Chine, il y a quarante ans. Depuis 1979, savez-vous combien de fois la Chine a été en guerre avec qui que ce soit ? Aucune. Et nous sommes restés en guerre », a-t-il dit. 

Carter a poursuivi : « Les États-Unis sont la nation la plus belliqueuse de l’histoire du monde en raison de sa volonté d’imposer les valeurs américaines à d’autres pays. La Chine investit ses ressources dans des projets tels que les chemins de fer à grande vitesse, au lieu des dépenses militaires. “Combien de kilomètres de chemin de fer à grande vitesse avons-nous dans ce pays ?” », « Aucun », a répondu la congrégation.

« Nous avons gaspillé, je pense, 30 000 milliards de dollars », a déclaré Carter, évoquant les dépenses militaires américaines. « La Chine n’a pas gaspillé un seul centime sur la guerre, et c’est pourquoi elle est en avance sur nous. Dans presque tous les domaines. Si nous prenions 30 000 milliards de dollars et que nous les investissions dans les infrastructures américaines, nous aurions des chemins de fer à grande vitesse. Nous aurions des ponts qui ne s’effondreraient pas. Nous aurions des routes bien entretenues. Notre système éducatif serait aussi bon que celui de la Corée du Sud ou de Hong Kong, par exemple. » Carter n’a malheureusement pas mentionné le financement d’un système public de soins de santé. 

Chez nous, l’OTAN oblige le gouvernement Trudeau à acheter pour 70 milliards $ de navires de guerre Irving/Lockheed Martin et pour 3 milliards $ de blindés General Dynamics (les mêmes envoyés en Arabie saoudite qui les utilise contre les enfants du Yémen). Bientôt, des dizaines de milliards de dollars supplémentaires seront gaspillés pour des avions d’attaque Lockheed Martin, si on en croit leurs concurrents Boeing et Airbus. Notez que Lockheed Martin, qui fabrique les F-35 avec Northrop Grumman, emploie l’ancien général Charles Bouchard, qui a dirigé l’attaque aérienne de l’OTAN contre la Libye en 2011. Cette attaque a laissé le pays en ruine et dispersé les armes de Kadhafi entre les mains de djihadistes meurtriers. 

En conséquence de la poursuite de guerres coloniales aussi en Afghanistan et en Syrie, le nombre de réfugiés de guerre (et climatiques) et de personnes déplacées a atteint plus de 70 millions, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. La présence de ces demandeurs d’asile frappant aux portes de l’Occident enflamme le racisme d’extrême droite et provoque des élections de gouvernements populistes (et du Brexit) en Italie, en Hongrie, (au Royaume-Uni !) et en d’autres pays. 

Si ces nouvelles dépenses militaires canadiennes ont pour effet d’augmenter l’impôt sur le revenu moyen à plus de 3 000 $ par citoyen canadien, ne devraient-elles pas être remises en question, vu les statistiques récentes de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui estime les dépenses militaires croissantes des pays de l’OTAN (y compris le Canada) à désormais PLUS DE 15 FOIS les dépenses militaires de la Russie ? 
 
Que Réjean Hébert et Steven Guilbeault se portent candidats pour que le Parti Libéral fasse avancer leurs causes respectives est compréhensible. Mais cela dépasse l’entendement qu’ils le fassent sans s’opposer dans leur parti aux dépenses militaires offensives qui réduiront les possibilités budgétaires pour les besoins des personnes âgées, des anciens combattants et de l’environnement. 

Trudeau dans l’ombre de Trump

Pour revenir au thème de Carter, Trudeau a approuvé de nouvelles dépenses militaires d’une centaine de milliards de dollars, tandis que son gouvernement a refusé de financer un écotrain rapide estimé en 2016 à 20 milliards de dollars pour la route Québec-Windsor. Au-delà de cette thématique, combien peu de centaines de millions faudrait-il pour fournir de l’eau potable à toutes les communautés des Premières Nations ? S’il était moins conservateur, Trudeau révoquerait les ministres Freeland et Sajjan et réinstallerait les anciennes ministres Wilson-Raybould et Philpott. Quant aux NPD, Parti Vert et Bloc, ne devraient-ils pas s’acquitter de leurs rôles d’opposition en tant que progressistes ?