La longue lutte contre la pollution atmosphérique

2019/11/01

L’aut’journal est heureux d’accueillir un nouveau collaborateur : l’environnementaliste bien connu André Bélisle. Voici un court résumé de son parcours militant.

André Bélisle est l’enfant terrible du mouvement environnementaliste québécois. Il a fondé en juillet 1982 l’Association québécoise de lutte contre les pluies acides (AQLPA), qui élargira par la suite sa mission et modifiera en conséquence son nom en 1992 pour devenir l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique. 

Pluies acides

De 1982 à 1988, la Caravane sur les pluies acides mise sur pied par l’AQLPA parcourt le Québec et rencontre plus d’un million de personnes, avant de remettre au consul américain une pétition de plus de 175 000 noms. En 1991, le gouvernement Mulroney conclut une entente avec les États-Unis sur la qualité de l’air visant à réduire de moitié les émissions de gaz toxiques liés aux pluies acides des deux pays.

Au cours de cette période, « l’extraordinaire travail d’éducation populaire mené par l’AQLPA », selon les mots mêmes du ministre Clifford Lincoln, aide ce dernier à imposer à la minière Noranda à Rouyn en Abitibi une réduction de 70 % de ses émissions de SO2, le gaz acide le plus important au Québec, dont la minière était responsable de 80 % des émissions. 

En 1996, l’AQLPA et l’UQCN invitèrent le milieu environnemental et la population à la tenue d’états généraux sur l’environnement. Plus de 850 délégués participèrent à l’ÉcoSommet.

Recyclage de vieilles voitures

L’AQLPA propose un programme d’inspection obligatoire des émissions des véhicules automobiles (PIEVA). En 1997, le gouvernement la mandate pour définir un PIEVA dans le cadre du projet-pilote. Le projet prend forme et, de l’été 1997 à l’automne 2000, l’AQLPA et ses partenaires effectueront quelques 15  000 inspections de véhicules légers et 1 200 inspections de véhicules lourds. Le programme offrait le choix d’échanger une vieille voiture de dix ans et plus rendue à « bout de souffle » contre six mois de transport collectif, ou de vélos ou d’un montant de 300  $. Le programme connaît un franc succès.

Le Suroît, les ports méthaniers et le gaz de schiste

En 1998, l’AQLPA contribue à la création de la Coalition pour un débat public sur l’énergie. La Coalition prône la conservation de l’énergie plutôt que la surproduction et le gaspillage, et le développement des énergies vertes peu connues à l’époque, comme l’éolien, le solaire et la géothermie. Elle propose aussi la création d’une Régie de l’énergie.

À l’automne de la même année, le président d’Hydro-Québec annonce son projet de construire une douzaine de centrales thermiques au gaz. L’AQLPA dénonce immédiatement ce projet et appelle à la mobilisation.

L’AQLPA crée la Coalition Québec Vert Kyoto, qui organise une manifestation contre le projet de centrale thermique Le Suroît et pour les énergies vertes, qui rassemble près de 7 500 personnes au pied de l’immeuble d’Hydro-Québec à Montréal, un jour de Super Bowl où le mercure indique -20 degrés. C’était la plus importante manifestation pour l’environnement jamais tenue au Canada. Victoire. Le gouvernement enterre le projet.

En 2006, deux projets de ports méthaniers sont annoncés : Gros-Cacouna dans le Bas-Saint-Laurent et Rabaska à Lévis. L’AQLPA s’implique dans la lutte contre ces projets. Nouvelle victoire, les projets sont abandonnés.

En février 2009, l’AQLPA décide de fouiller le dossier des gaz de schiste au Québec. Elle découvre que plus de 500 permis d’exploration et d’exploitation ont été octroyés à l’industrie dans la plus totale obscurité. Le 27 septembre 2009, soit un an avant quiconque, l’AQLPA demande publiquement une audience publique pour évaluer la situation dans son ensemble et exige un moratoire immédiat et total sur le développement de cette industrie.

Une extraordinaire mobilisation contraint le gouvernement à mettre sur pied un BAPE sur l’industrie du gaz de schiste, dont les recommandations sont un copié-collé des revendications de l’AQLPA. Un moratoire est promulgué. Nouvelle victoire.

Poursuite-bâillon 

En 2005, l’AQLPA constate que la société American Iron and Metal (AIM) a entrepris à Lévis des travaux sur le site d’un ancien dépotoir à Lévis, sans les autorisations municipales et environnementales nécessaires.

L’AQLA envoie une mise en demeure à l’AIM de se conformer à la Loi québécoise sur l’environnement et obtient de la Cour supérieure une injonction pour que les travaux d’AIM soient interrompus. L’entreprise intente une poursuite de cinq millions $ en dommages et intérêts contre l’AQLPA et dix autres intimés. L’AQLPA presse le gouvernement d’agir contre ce type de poursuite-bâillon et lance une campagne sous le slogan « Citoyens taisez-vous ». Une loi sera adoptée le 3 juin 2009 et le Québec devient la seule province canadienne où la liberté d’expression est protégée contre les poursuites abusives. Encore une victoire.

La devise d’André Bélisle  L’action politique repose sur l’opinion publique exprimée. Au cours de son histoire, cela lui a valu ainsi qu’à l’AQLPA d’être victime de contrôles et de harcèlement des autorités et d’une poursuite-bâillon. Cela a contribué à précariser sa situation financière. Mais elle réussit toujours à trouver les appuis nécessaires pour renaître. Par exemple, en 1994, le Grand conseil des Cris du Québec lui vient en aide assumant 25 % du déficit de 100 000 $ accumulé dans sa lutte victorieuse pour obtenir la première consultation publique sur le développement énergétique au Québec.  Aujourd’hui, l’AQLPA a besoin de votre aide dans son recours collectif au nom de tous les Québécois contre Volkswagen-Audi dans l’affaire du « Dieselgate ». Vous pouvez contribuer en vous rendant sur son site Internet (www.aqlpa.com/)