Rhétorique nazie à la Trump

2020/09/11

C’est en pays germanique que, au bénéfice de mes interprétations beethovéniennes au piano, j’ai étudié quatre ans l’art de la rhétorique, fondement de la structure de la forme sonate, création avant tout austro-allemande. 
Achevant la convention républicaine, le discours de Trump s’est terminé aux petites heures du 28 août. C’était un modèle du genre, livré énergiquement à la manière des discours-fleuve d’Adolf Hitler, une grande performance oratoire ovationnée par une foule sans distanciation fanatisée en délire, dont même pas 1 % portaient le masque. 
Quarante-et-une fois, le président a pourfendu Joe Biden qu’il a associé au socialisme, à l’anarchie des désordres de la rue, à l’affaiblissement de son armée, de la police, en somme à la loi et l’ordre bafoués. 
C’est dans un décor très hitlérien – une forêt de drapeaux américains à la hampe surmontée de l’aigle impérial, mais couleur or et multipliés par cent – devant la Maison-Blanche que le président occupant a « utilisée » sans vergogne, une première en plus de deux siècles et quart, pour déclamer un discours qui s’est achevé en anticlimax, sur le ton de la confidence, quelle habileté démagogique diabolique!
Sous la pluie de splendides feux d’artifice bien orchestrés, on a vu la famille Trump entière – épouse, filles et gendres, fils et épouses hystériques telle Kimberly Guilfoyle au discours haineux l’avant-veille – se rassembler autour de son Godfather et, ensemble, tourner le dos au vice-président et au millier de sénateurs et autres dignitaires qui continuaient pourtant d’applaudir, en bas de la scène. 
La famille a écouté son ténor (surtout pas une soprano, ou pire une mezzo qui aurait été un signe de faiblesse !) entonner tour à tour des chants patriotiques, de même qu’un Puccini à la Francis Ford Coppola et la plus dégoûtante interprétation de l’Hallelujah de Leonard Cohen – qui a dû se retourner dans sa tombe – entonnée comme un gloria au Christ-Roi à la tête des armées évangélistes américaines.
Le même jour, la barre des 180 000 morts du coronavirus et des six millions de cas était franchie, sans compter ceux qui agonisent à l’hôpital et d’autres encore plus démunis dans la rue, dans un pays hostile à l’assurance maladie, assimilée au socialisme du Canada !