Le Canada fait bande à part

Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires entre en vigueur

2021/01/29

La veille de l’entrée en vigueur à l’ONU du crucial et historique Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), une sénatrice indépendante, un ex-sénateur ancien député du Parti conservateur et quatre parlementaires des quatre autres partis représentés aux Communes confrontaient le gouvernement Trudeau qui, depuis, a gardé son mutisme complice de l’OTAN. Qui sont ces six braves ? Ce sont Alexis Brunelle-Duceppe du Bloc québécois, Nathaniel Erskine-Smith du Parti libéral, Elizabeth May du Parti vert, la sénatrice Marilou McPhedran, Heather McPherson du NPD et l’ex-sénateur canadien et ambassadeur pour le désarmement, Douglas Roche OC. Ils ont tenu une conférence de presse conjointe d’une heure pour marquer l’entrée en vigueur historique du TIAN. À regarder sur le Facebook de Heather McPherson. 

Alexis Brunelle-Duceppe a articulé en français une position nettement plus affirmée que celle en anglais du 19 novembre : le Bloc semble plus résolu que jamais en faveur de la signature du TIAN par le Canada. Alexis a eu la générosité de souligner le courage du député libéral Erskine-Smith qui, comme la sénatrice McPhedran, a demandé à Trudeau de faire preuve du même courage que le Brian Mulroney antiapartheid et le Jean Chrétien antimines antipersonnel, d’ailleurs partisan de signer au nom du Canada le TIAN. Comment, s’est-on unanimement indigné, comment peut-on hésiter à dénoncer des armes de destruction massive qui s’attaquent en majorité aux civils ?

Alexis a aussi ouvert la porte à une dénonciation de la politique libérale laxiste face aux déchets nucléaires, attaquée par Gordon Edwards, PhD. Le discours de Douglas Roche, plus fort que jamais, a dénoncé la lâcheté des Freeland, Garneau et Trudeau, rappelant que le Canada avait plutôt depuis 75 ans l’habitude de se trouver du côté des initiatives de paix de l’ONU. 
Le communiqué de presse suivant est resté lettre morte, vu la censure généralisée de nos médias. 

« Des Canadiens d’un océan à l’autre se joignent le 22 janvier à des sympathisants du monde entier pour célébrer l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, 90 jours après que le Honduras soit devenu le 50e État à ratifier ce traité historique.

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a proclamé que l’entrée en vigueur de ce traité était « l’aboutissement d’un mouvement mondial visant à attirer l’attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires. Le TIAN représente un engagement significatif en faveur de l’élimination des armes nucléaires, la plus haute priorité des Nations Unies en matière de désarmement ».

Mme Setsuko Thurlow, maintenant citoyenne canadienne, qui a survécu au bombardement atomique d’Hiroshima à l’âge de 13 ans, a déclaré: « Quand j’ai appris que nous avions atteint notre 50e ratification, je pouvais à peine tenir debout. Je suis donc restée assise sur ma chaise, ma tête entre mes mains et j’ai pleuré de joie. Je me suis imaginée échanger avec les esprits de centaines de milliers de personnes qui avaient perdu la vie à Hiroshima et Nagasaki. Je n’ai que de la gratitude pour tous ceux qui ont œuvré au succès de ce traité. »

Mme Thurlow a consacré sa vie à l’abolition de l’arme nucléaire, a reçu l’Ordre du Canada et a été honorée comme corécipiendaire du prix Nobel de la paix 2017, accordé à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICANW.org) et à sa directrice générale, Beatrice Fihn.
Négocié en 2017, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires interdit légalement en toutes circonstances, le développement, la fabrication, la production, les essais, l’acquisition, le stockage, le transfert, le stationnement, l’utilisation ou la menace d’usage des armes nucléaires. Il oblige également les États adhérents à fournir une assistance aux victimes, celles des bombardements nucléaires au Japon, et celles des plus de 2 000 essais nucléaires menés dans divers endroits du monde depuis 1945.

Bien que le Traité ne lie juridiquement que les nations qui choisissent d’y adhérer, il établit de nouvelles normes mondiales et est largement considéré comme une contribution majeure au droit international humanitaire, complémentaire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), entré en vigueur en 1970.

Approuvé par 122 pays à l’Assemblée générale des Nations Unies en juillet 2017 suite à la présentation par Elayne Whyte Gómez ambassadrice du Costa Rica, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires compte actuellement 86 signatures et 51 ratifications.

Malheureusement, les neuf États dotés d’armes nucléaires et leurs alliés – y compris le Canada – ont boycotté la négociation de ce traité et continuent de le dénoncer.

Des organismes de la société civile de partout au Canada ont demandé au gouvernement de tenir un débat sur le Traité au Parlement et de permettre au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de tenir des audiences publiques sur le rôle du Canada dans la promotion du désarmement nucléaire. »