Merci, professeur Castonguay

Extrait de la postface du livre Le français en chute libre

2021/02/26

Magistral, le présent ouvrage témoigne, une fois de plus, de la rigueur exceptionnelle et de la lucidité sans faille du chercheur Charles Castonguay lorsqu’il s’agit de mesurer la vitalité – ou plutôt la déliquescence – du français en ce pays. Avant toute chose, je tiens donc à rendre hommage à l’auteur de ce livre pour l’expertise inégalée dont il a su faire preuve tout au long de sa carrière, et pour la constance de son engagement à rendre compte de l’évolution de notre réalité démolinguistique. Pour l’ensemble de son œuvre scientifique, Charles Castonguay mérite toute notre admiration et toute notre gratitude.

Petit suivi thérapeutique

Véritable magnum opus, nul doute que ce bouquin  fera autorité pour longtemps. Puissions-nous le distribuer à tous vents afin de mieux éclairer la conscience nationale – et tout particulièrement celle de nos dirigeants –  quant à l’état de santé de notre langue qui, hélas, ne cesse de se dégrader. 

En proposant son projet de loi 101, le ministre Camille Laurin, psychiatre de profession, avait voulu convier les Québécois à une grande thérapie collective. Et pour cause. 

Le remède prescrit à l’époque se voulait certes adapté à la gravité du diagnostic. La nation souffrait d’aliénation. Le temps était venu de cheminer vers une certaine guérison, sans quoi nos moindres progrès eussent été compromis d’avance. Autant dire qu’on ne peut être « maître chez soi » sans être maître de soi.

Malheureusement, plus de quatre décennies plus tard, force est d’admettre que nous ne sommes ni l’un ni l’autre. 

Ainsi, les effets bénéfiques de l’électrochoc du 26 août 1977 n’étaient manifestement pas faits pour durer – à supposer que ces effets fussent au rendez-vous. Or, comme le souligne l’auteur, seules les mesures scolaires de la loi 101 semblent avoir donné des résultats structurants. Par ailleurs, la puissante dose de fierté qui nous fut injectée par le fait même n’aura manifestement pas suffi en elle-même.

Après moult rechutes et cent une tergiversations, nous voici aujourd’hui en manque d’une nouvelle dose, ce pour quoi un suivi thérapeutique s’impose, à commencer par la lecture du présent livre.
(…)

Après 15 longues années de chouannerie libérale, il n’est plus question de laisser s’écrouler davantage notre Québec français. 

Ainsi, tout en demeurant bien conscients des limites délétères propres au carcan constitutionnel qui nous enserre, puissions-nous user de tous les matériaux disponibles pour refaire les fondations de notre édifice linguistique. Et parmi nos plus précieux matériaux, il y a notre Charles Castonguay national dont les travaux – ce livre au premier chef – méritent, j’insiste, d’être diffusés maximalement. 

Vive le Québec libre et français !