Un rapport qui marque un tournant

Énergir et le défi climatique

2021/02/26

Énergir, anciennement connu sous le nom de Gaz Métro, vient de dévoiler son Rapport sur la résilience climatique. L’entreprise a non seulement changé de nom, mais aussi les orientations de son modèle d’affaires, passant de plus en plus à l’efficacité énergétique et aux énergies vertes et renouvelables.

C’est un vent de fraicheur qui souffle maintenant sur Énergir. Quel contraste avec les projets rétrogrades de centrales thermiques au gaz comme Le Suroît en 2004 et de port méthanier comme Rabaska en 2006, projets que nous avons combattu avec vigueur.

Maintenant, on ne peut qu’encourager ce virage porteur de progrès significatifs pour le climat, l’environnement et notre économie. L’AQLPA accueille le rapport d’Énergir avec ouverture, enthousiasme et circonspection tout en encourageant un recours grandement accru aux énergies vertes et renouvelables à 100 % avec le gaz naturel renouvelable GNR biogaz/biométhane, l’éolien, le solaire et même l’hydrogène à condition qu’il soit réellement vert, donc sans recours aux combustibles fossiles dans sa composition et sa fabrication.

Ce que nous saluons

Énergir respecte ses engagements en matière d’efficacité énergétique, ce que nous avons exigé depuis 2004 et que nous surveillons de près à la Régie de l’énergie depuis.

Le retrait prévu de 70 % de l’utilisation du gaz fossile par Énergir dans la chauffe résidentielle, institutionnelle et commerciale pour faire place à la bi-énergie – 70 % hydro-électricité, 30 % gaz en collaboration avec Hydro-Québec – est très encourageant et assurera une sécurité énergétique solide en cas de grands froids et de panne majeure, comme celle vécue durant le verglas de 1998.

Nous appuyons fermement les engagements d’Énergir dans le développement accéléré de la biométhanisation au Québec en partenariat avec les communautés. Il faut en finir au plus vite avec l’importation de gaz de schiste, gaz de procédés et gaz propane. Il faut les remplacer par du biogaz et biométhane, seuls gaz naturels vraiment écologiques et renouvelables permettant des réductions substantielles des gaz à effet de serre, sachant que le Québec pourrait rapidement devenir autosuffisant en gaz propres. 

Dans ce rapport, on note qu’Énergir a entrepris de doubler le timide objectif de 5 % de GNR dans ses approvisionnements, fixé par le précédent gouvernement, pour viser 10 % d’ici 2030 – ce qui est louable – mais Énergir peut et doit faire mieux d’ici 10 ou 15 ans. Énergir doit réaliser pleinement le potentiel reconnu de 60 % de GNR dans ses approvisionnements.

Ce qui doit être revu et amélioré

Énergir a fait sien l’objectif insuffisant retenu par le gouvernement du Québec d’une réduction de 37,5 % des émissions de gaz à effet de serre pour 2030. En se basant sur la science du climat, le Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat GIEC et l’Organisation des Nations Unies insistent fortement pour rehausser à 50 % les objectifs mondiaux de réduction des GES pour 2030 et de viser zéro émission net pour 2050. Bien que classé par le gouvernement comme service publique, Énergir doit se distinguer avec une plus grande ambition que celle du gouvernement. 

Énergir base ses engagements de réduction de GES sur un objectif insuffisant, soit de participer avec la communauté mondiale à contenir le réchauffement de l’atmosphère à deux degrés, ce qui est trop peu ambitieux. Il faut faire plus, soit de contenir le réchauffement climatique bien en-deçà de deux degrés. Tous devraient maintenir cet objectif, qui est plus cohérent avec l’urgence et la sévérité de la crise climatique, même si la barre est très haute.

L’auteur est président de L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)