Depuis l'écroulement du viaduc du pont de la Concorde, un Sherlock Holmes sommeille en chacun de nous. Cet événement, est-ce la faute aux ingénieurs, au ministère des Transports, au lobby du béton, à la famille Simard ou à Dédé Desjardins? L'explication principale saute pourtant aux yeux !
Voici une petite citation tirée du livre récemment publié par François Cardinal, Le mythe du Québec vert :
« De 1984 à 2004, le parc automobile a enflé au point de devenir aussi gros que le boeuf de la fable, passant de 3,2 millions à 5,2 millions de véhicules. Cette augmentation de 60% est d'autant plus inquiétante que la province, malgré les mises en garde des écolos, a embrasssé la mode des véhicules utilitaires sport, les fameux VUS. Qui plus est, ces véhicules servent aujourd'hui à parcourir plus de kilomètres que jadis...
« Faites l'équation: plus d'autos plus grosses parcourant plus de kilomètres = l'émission d'un gros paquet de gaz à effet de serre »
Et aussi de plus d'usure pour les ponts et les routes. Élémentaire, mon cher Johnson.
Pour un péage... cher et disuasif
La commission Johnson recommande l'instauration d'un péage. Bravo. Mais l'objectif semble être d'assurer la continuité du modèle actuel d'organisation urbaine, avec de plus en plus de contrats pour les compagnies de béton pour permettre de faire rouler de plus en plus de véhicules.
Ça n'a pas de sens. Nous sommes les 2e pires émetteurs de GES (si nous nous considérons « Canadiens ») ou les 3e pires (si nous nous considérons « Québécois »), et le transport individuel en est le principal responsable. Pire encore, alors que l'industrie québécoise stabilise grosso modo ses émissions, les émissions causées par le transport des individus augmentent rapidement.
La guerre au Darfour (causée par la désertification), les inondations en Nouvelle-Orleans, la moitié du Bengladesh qui sera submergé d'ici quelques décennies, la fonte des glaciers, les canicules des dernières années en France ou en Grèce, « il y a un petit peu de nous-autres là-dedans » !
Ce péage doit donc avoir pour objectif de décourager l'usage de l'automobile, par le bon vieux principe de la carotte et du bâton: le bâton, c'est le péage; la carotte, de meilleurs transports en commun. Il est nécessaire qu'un nombre important de gens changent leurs habitudes, en changeant de moyen de transport, de résidence ou de travail. Ce péage doit coûter assez cher pour forcer ce changement d'habitudes.
Il y aura des gagnants: les enfants; les gens qui habitent en ville; les banlieusards qui travaillent en banlieue ou qui prennent le train; Hydro-Québec et la planète.
Il y aura aussi des perdants: l'industrie du char, du pétrole et du béton; les « amoureux de leur char »; ceux qui ont fait l'erreur d'habiter loin de leur travail ou dans une municipalité mal desservie par le transport en commun.
Des gagnants et des perdants, comme c'est le cas quand on prend une vraie décision politique sans la maquiller sous un consensus factice.
L’auteur est coordonnateur de Projet Montréal pour l’arrondissement du Plateau Mont-Royal. On peut le joindre au gv60@hotmail.com
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