Gatineau, le 15 mai 2013 - Lester B. Pearson, alors premier ministre du Canada, devant la fébrilité nationaliste québécoise, mit sur pied, dans les années 1960, la Commission Laurendeau-Dunton portant sur le bilinguisme et le biculturalisme au Canada.
En résulta une loi en 1969. Mais contrairement à la croyance populaire, cette loi, la Loi sur les langues officielles, ne déclare pas le Canada comme étant un pays bilingue (français-anglais) partout sur son territoire. Cette loi se veut un outil légal pour permettre aux citoyennes et aux citoyens d’obtenir des services du gouvernement fédéral dans la langue officielle de son choix… là où le nombre le justifie.
Ainsi, cette loi n’a jamais eu la prétention de contrer la perte de terrain du français au profit de l’anglais en raison de l’assimilation ethnolinguistique au Canada. À cet égard, ladite loi est un diachylon sur une jambe de bois.
Et même, paradoxalement, les recensements de Statistique Canada démontrent clairement que l’assimilation n’a cessé d’augmenter au détriment du fait français pour l’anglo-dominant depuis 1951. Loi sur les Langues officielles ou non, le rouleau compresseur avance inéluctablement.
Par assimilation, nous nous référons à Roger Bernard : « absorption intégrale d’une personne ou d’un groupe dans la culture d’un autre[1] », aussi à Albert Breton : « [c’est] l’abandon à la langue d’origine. Renoncer à une langue signifie que celle-ci devient inutilisée, désapprise et, à la longue, oubliée[2] ».
Au Canada hors Québec, le taux d’assimilation des francophones était de 27,4 % en 1971 comparativement à 39,8 % en 2011. Voici par province les taux d’assimilation des francophones du Canada rendus publics dans le recensement canadien de 2011 par Statistique Canada :
Saskatchewan...................................... 76,5 %
Colombie-Britannique.......................... 71,8 %
Alberta................................................ 65,1 %
Terre-Neuve et Labrador..................... 76,1 %
Manitoba............................................. 57,4 %
Île-du-Prince-Édouard.......................... 54,7 %
Nouvelle-Écosse.................................. 50,5 %
Ontario................................................ 42,8 %
Nouveau-Brunswick............................. 11,6 %
Au Québec, pour sa part, selon le recensement de 2011, la langue anglaise voit son importance augmenter de 28,9 % par voie d’assimilation.
Rien de trop encourageant que la réalité ethnolinguistique du Canada pour le fait français en milieu minoritaire au Canada.
Par contre, les recensements fédéraux nous révèlent que l’unilinguisme anglais, lui, progresse de plus de deux millions de citoyens par dix ans et que le taux de bilinguisme des anglophones (langue maternelle) a commencé à baisser durant 2006-2011 au Canada, à l’extérieur du Québec, au Québec, dans la région métropolitaine de Montréal et sur l’île de Montréal.
C’est un cancer canadien que cette assimilation.
Et pendant ce temps-là, au Québec, les partis politiques continuent à se quereller, à se diviser, certains même à s’écraser sur la nécessité d’adopter des mesures responsables pour promouvoir et protéger l’identité québécoise et la langue française!
[1][1] BERNARD, Roger. Le déclin d’une culture : recherche, analyse et bibliographie : Francophonie hors Québec 1980-1989, Ottawa, Fédération des jeunes canadiens-français, 1990, p. 15. (Vision d’avenir ; 1).
[2][2] BRETON, Albert. « Le rendement culturel des langues et l’assimilation linguistique », dans BRETON, Albert, sous la dir. de. Explorer l’économie linguistique, Ottawa, Patrimoine canadien, 1999, p. 97.
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