L’histoire débute en 1948. Rocco a 10 ans lorsqu’il quitte sa Calabre natale, accompagné de sa mère et de sa sœur, pour rejoindre son père expatrié en Belgique l’année précédente comme ses nombreux compatriotes italiens partis travailler dans les mines de charbon en quête d’un avenir meilleur pour leur famille. L’école, la langue flamande si étrange pour l’oreille de l’enfant, la rigueur des mœurs puritaines de la population, le climat froid et pluvieux de la ville minière de Limbourg, tout diffère de ses premières années d’enfance.
Son père Salvatore trime dur, sa mère fait la lessive pour d’autres mineurs en cachette de son mari pour aider son fils à se procurer un accordéon, sa sœur ne fait pas de vague, mais Rocco s’illustre par ses frasques. L’adolescent démontre une ambition et une ingéniosité débordante pour sortir du lot. Son statut d’étranger ne lui plaît pas. Il refuse de devenir mineur comme son père.
Le jeune homme adore la musique. Accompagné de son accordéon, il compose et chante des ritournelles de son pays d’origine qu’il joue dans les bars, malgré l’interdiction des autorités belges. Il réussit à gagner le cœur de son entourage et
d’Elena à qui il déclare son amour. Ainsi naît la chanson Marina, dont les ventes de milliers de disques dans son pays d’adoption dépasseront les frontières et l’amèneront à traverser l’Atlantique. Ainsi débute la carrière de Rocco Granata.
BELGIQUE (FLANDRE) 118 minutes
Hors Concours
Notre note :
Ce film italo-belge, présenté en primeur au FFM, fait revivre avec nostalgie les chansons de la fin des années 1950, mais également les belles histoires d’amour de l’époque. Il soulève également la question des conditions imposées aux immigrants italiens qui ont trouvé du travail dans les mines belges. Il était stipulé dans le contrat entre la compagnie et les travailleurs étrangers que leurs fils devaient devenir mineurs comme leur père et qu’aucun ne se verrait délivrer un permis de travail permettant d’occuper un emploi autre en Belgique. La vie quotidienne de ces hommes et de leur famille, assombrie, entre autres, par l’insalubrité des logements et les maladies reliées au système respiratoire dues à la poussière respirée au fond de la mine, est décrite avec efficacité.
Un véritable « feel good movie ». Des images léchées, une histoire bien racontée, des acteurs impressionnants de justesse et de fraîcheur complètent avec force le film. Matteo Simoni, dans le rôle de Rocco, campe avec délice ce personnage haut en couleur, beau et terriblement séduisant. Evelien Bosmans joue avec retenue une Elena, amoureuse de Rocco, prise entre son père qui se méfie des étrangers et sa volonté d’indépendance qui annonçait les années 1960. Luigi Lo Cascio, dans le rôle du père, et Donatella Finocchiaro, dans le rôle de la mère, donnent une prestation tout aussi remarquable.
En 2007, deux ans avant le 50e anniversaire de la première sortie de sa chanson « Marina », Rocco Granata contacte Stijn Coninx pour lui manifester son désir de commémorer cet événement. Le film naîtra sous la plume du réalisateur flamand.
Il fallait entendre l’enthousiasme des spectateurs lorsque la présentatrice du FFM a annoncé l’arrivée du « vrai » Rocco Granata. Applaudi à tout rompre, le chanteur qui réside toujours en Belgique, s’est dit ravi de se retrouver à Montréal alors qu’il y était venu en 1959, après s’être produit à New York. Malgré un retard de trois heures à l’aéroport, la fatigue du voyage et le décalage horaire, l’homme de 74 ans s’est prêté, sans se faire prier, à la demande générale. « Marina, Marina, Marina, Ti voglio al più presto sposar … » a-t-il entonné, les premiers mots de sa chanson fétiche. Le public a repris, avec ardeur, le refrain. Une expérience charmante, grisante, unique et certainement inattendue.
Les derniers mots de Rocco Granata furent pour son pays d’origine. « Je suis fier d’être italien », a lancé le chanteur qui vit en Belgique depuis plus de 60 ans.
Marina a été présenté les 23, 24 et 25 août.