VICTOIRE ! Merci à nos membres et aux amiEs de la nature!

2017/10/06 | Par Les Artistes de la Paix

René Derouin, Constellation XI – Série Fleuve-Mémoire 1994-2014​
Linogravure rehaussée d’aquarelle, 38cm X 28cm, 2014
Photo : Lucien Lisabelle

Ayant lutté contre le projet de construction d’un pipeline transportant du pétrole de sables bitumineux par Énergie-Est de TransCanada depuis ses balbutiements premiers, les APLP crient aujourd’hui victoire, suite à la décision par la compagnie d’abandonner son projet, devant notamment l’opposition exprimée haut et fort par nos Premières Nations et par la société civile québécoise (le terme excluant les partis Libéral et Caquiste, qui semblent partisans aveugles de tout projet économique, même destructeur).

 

1- Engagements d’artistes

Sur le site APLP, on peut facilement remonter le cours de nos interventions multiples contre le projet TransCanada, la plus récente d’entre elles écrite par Dominique Boisvert affirmant la solidarité des APLP avec les 250 manifestants devant la Caisse de dépôt et placement le 6 septembre dernier. Dominique y relayait aussi une pétition exigeant de la Caisse qu’elle se retire de tout projet de transport des énergies fossiles. Il avait aussi développé d’autres arguments sur notre site le 12 mars dernier,  en syntonie avec les initiatives de nombreuses organisations comme le Centr’ERE de l'UQAM, le mouvement Vous ne passerez pas! , la Fondation Suzuki, pour ne nommer que ceux-là.

L’Artiste pour la Paix et membre du conseil d’administration André Michel a rassemblé une douzaine de ses collègues peintres engagés au Musée des Beaux-Arts de St-Hilaire lors d’un vernissage le 7 mai dernier dont la thématique posait la question urgente et angoissée : quelle nature laisse-t-on en héritage aux générations futures?[1]

On se réfèrera aussi aux expositions de notre Artiste pour la Paix de l’année présente, René Derouin, dénonçant les Rapaces et déplorant la menace environnementale et autre pesant sur les derniers Territoires.

 

2- Nos interventions politiques

Christian Morin informa[2] nos lecteurs du site le 30 novembre 2016 que même si le gouvernement venait de rejeter un premier projet de pipeline de pétrole (Northern Gateway), ce pourquoi on le félicitait, il semblait vouloir poursuivre avec inconscience le dangereux projet de la ligne 3 du pipeline Enbridge, menaçant directement des centaines de cours d’eau.

Voici à peu près à la même date un des quatre chapitres extrait de la DÉCLARATION DE PAIX des APLP au Premier ministre Trudeau que notre vice-président Pierre Jasmin lui a envoyée :

« Nous sommes POUR LA NATURE, donc CONTRE le pétrole sale

Les extraits suivants d’un article par le jeune universitaire Jean-Michel Goulet paru dans le National Observer le 20 novembre dernier troublent les APLP, fervents amoureux de la nature comme nos mentors Gilles Vigneault, Samian, Frédéric Back, Dominic Champagne et René Derouin. Rappelons notre mission qui est de promouvoir l’idéal d’une Paix durable, obtenue pacifiquement en misant sur le désarmement, l’éducation, l’ouverture à l’autre, la justice sociale, le féminisme, le respect de la nature et la foi en l’Art comme vecteur de Paix.

« Canada is back ! Justin Trudeau nous promet des routes ensoleillées: Sunny ways, my friends ».

C’était il y a un an. Le Canada signait l’Accord de Paris pour maintenir le réchauffement climatique à deux degrés. La ministre de l’Environnement Catherine McKenna s’emballait en parlant même de 1,5 degré. Tout un contraste avec les conservateurs qui accumulaient les prix fossiles en environnement année après année.

Mais un détail important avait été omis : le Canada est un pays pétrolier. En fait, il s’agit de la deuxième réserve mondiale. Le Canada, l’Alberta, la Saskatchewan… et la Bourse de Toronto ont investi des dizaines de milliards de dollars et ils vont se battre jusqu’à la fin pour ne pas perdre leurs pétrodollars. Le hic, sans diminution de la production pétrolière nous pouvons dire bye bye à Paris, qui ira rejoindre Kyoto dans la poubelle de l’histoire canadienne. Au début de l’année 2015, une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature a donné la marche à suivre : le Canada doit laisser dans son sol plus de 85% de ses ressources pétrolières connues s’il veut aider la planète à éviter la catastrophe climatique.

Que fait Justin Trudeau ? Il conserve les cibles de réduction des gaz à effet de serre du gouvernement Harper. Il brise sa promesse d’arrêter les subventions aux énergies fossiles qu’il veut poursuivre jusqu’en 2025 (en 2015, le Canada a donné en subventions 3,3 milliards de dollars aux énergies fossiles). Il tient un discours impossible, celui de réduire les GES, tout en construisant de nouveaux pipelines « pour rejoindre de nouveaux marchés».

La réalité, c’est que le Québec est un joyau d’énergie verte encastré dans un Canada pétrolier. Pendant qu’Hydro-Québec tente de vendre notre électricité renouvelable aux États-Unis, des diplomates canadiens, payés également avec nos impôts, font la promotion des pipelines et des sables bitumineux. Pendant que les fonctionnaires québécois travaillent à mettre en place un marché du carbone, ceux du Canada négocient pour faire entrer en Europe le pétrole albertain, un pétrole qui émet 50% plus de gaz à effets de serre que le brut léger.

Nous sommes maintenant en novembre 2016, la COP22 se termine au Maroc et le Canada de Trudeau vient à son tour d’être nommé CANCRE DU CLIMAT, après qu’on ait souligné le changement positif dans le discours, mais «les babines ne suivent pas les bottines ».

 

3- Nos interventions populaires

Nous sommes très fiers aux Artistes pour la Paix d’avoir mis tant d’énergie à vaincre ce projet dangereux d’oléoduc. On remerciera principalement Isabelle Miron[3] et Marie Saint-Arnaud, qui ont reçu l’aide pour illustrer leurs documents de René Derouin dont on a reproduit la superbe œuvre en début d’article, puis Derek Paul et Pierre Jasmin pour avoir tous les quatre produit deux mémoires complémentaires au BAPE mettant en garde le Québec contre l’attaque en règle des pétrolières contre l’intégrité de notre fleuve : lire l’ardent Énergie-Est no pasaran![4]

Pascal Bérubé, Harold LeBel, Martine Ouellet, Pierre et André Villeneuve à Cacouna. 

Enfin, l’article bien illustré http://www.artistespourlapaix.org/?p=6139 rapporta la présence à une grande marche de protestation à Cacouna le 11 octobre d’Isabelle Miron et de Pierre Jasmin qui s’étaient retrouvés aux côtés de Françoise David, Gabriel Nadeau-Dubois et de quatre députés du Parti Québécois à manifester. C’était pendant l’année 2015 que l’ONU a consacrée à la lutte contre le réchauffement et les changements climatiques et le même 11 octobre où cent cinquante personnes se sont rassemblées autour de Dominic Champagne pour maintenir le moratoire contre la fracturation du schiste! Le 12 octobre, David Suzuki et Karel Mayrand nous invitaient avec le même message à nos gouvernements, en compagnie des Cowboys Fringants, de Laure Waridel, Paul Piché, Lisa Le Blanc, Jessica et Gilles Vigneault, Stéphane Archambault, Marie-Hélène Fortin et Éléonore Lagacé.

Pourquoi protester à Cacouna? C’est que les prometteurs du projet, non dénoncés par le ministre de l’Environnement québécois Heurtel, voulaient y implanter un terminal pétrolier …à proximité d’une pouponnière de bélugas! C’est le genre de bêtise qui coule un projet aussi sûrement que nos manifs. Notons l’opposition unanime des maires de toute la Communauté urbaine de Montréal. On peut alors s’interroger comment un tel projet, escomptant que les cours du pétrole remonteraient (eh ben non), a pu résister aussi longtemps. Insensibilité du secteur économique et de nos gouvernements sourds à nos arguments?!

 

[3] Le prix du fleuve explore l’outrecuidance des développeurs et rappelle le beau combat en protection du fleuve mené par les écrivains Yvon Rivard, Isabelle Miron, Jean Bédard et Mélissa Grégoire.