Les auteurs sont membres de NON à une marée noire dans le Saint-Laurent
Dans sa chronique intitulée « Une terrible nouvelle » (1), monsieur Mario Dumont fait dans la « fracturation verbale ». Il est en effet ironique de le voir aborder la question énergétique, alors qu’il avait donné son appui à l’éléphant blanc que fut le défunt projet de port méthanier Énergie Cacouna. En plus d’être une nuisance incommensurable pour les mammifères marins, ce projet aurait été un fiasco économique sur toute la ligne avec la chute des prix du gaz naturel en 2006 (2). M. Dumont nous a habitués à ses appuis et à sa vision douteuse à propos des projets énergétiques au Québec.
Ah!, ce beau rêve d’un Québec pétrolier qui pourrait renaître de ses cendres et qui, grâce aux redevances issues de l’exploitation des hydrocarbures, pourrait s’émanciper économiquement pour ensuite tourner le dos aux énergies fossiles en investissant dans les énergies renouvelables! Tout cela ne tient pas la route!
En plus de 40 ans, la Société québécoise d’initiatives pétrolières (3), fondée en 1969 et disparue vers la fin des années 1990, n’a jamais réussi à trouver d’hydrocarbures fossiles potentiellement commercialisables au Québec. Pourquoi? Poser la question, c’est y répondre! Parce qu’il n’y PAS de potentiel économique lié au pétrole ou au gaz conventionnels au Québec.
Les juniors du gaz et du pétrole, ces compagnies qui survivent en majeure partie grâce à des investissements de Ressources Québec, une filiale d’Investissements Québec, n’ont certainement pas « claimé » la quasi-totalité des territoires potentiels en hydrocarbures du Québec sans savoir qu’il faudrait y recourir aux forages horizontaux et à la fracturation (4).
Les régions de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent renferment fort probablement plusieurs réservoirs pétroliers et gaziers compacts (tight oil et tight gas). Mais ces structures marginales nécessitent pour la plupart le recours aux forages horizontaux et à la fracturation, deux techniques qui comportent d’énormes risques pour l’environnement, la santé humaine et l’économie (5).
Mais monsieur Mario Dumont, lui, s’accroche tellement à cette chimère d’un Québec pétrolier qu’il va jusqu’à s’inventer un scénario digne de la théorie du complot : « Les élus municipaux se taisent. Ils donnent une approbation discrète parce qu’ils ne veulent pas être pris pour cible par les Verts. Ils ne veulent pas avoir leur face sur les pancartes des soi-disant « militants » écologistes. Des groupuscules gardent les élus dans une sorte de terreur. » Il a de nouveau évoqué cet argument dans l’entrevue réalisée avec Pierre Moreau fraîchement nommé ministre des Ressources naturelles (6).
Pourtant, la réalité est tout autre. La région du Bas-Saint-Laurent poursuit son chemin sur la voie de la transition énergétique en adoptant des stratégies pour réduire sa consommation d’énergies fossiles. Les acteurs du milieu se mobilisent pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Formée en 2012 par le Conseil régional de l'environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL), la Table régionale sur la réduction de la consommation de pétrole, ou « Table pétrole », réunit divers organismes provenant de secteurs-clés de la consommation de pétrole, tels que l’énergie, l’aménagement du territoire et le développement régional (7).
Il est temps pour monsieur Dumont d’arriver au XXIe siècle. Nous devons dès aujourd’hui amorcer la transition énergétique et abandonner au plus vite les énergies fossiles. Les pays riches de demain seront les pays les moins dépendants des hydrocarbures. Il en va de l’avenir écologique, économique et social de tous.
(1) http://www.journaldemontreal.com/2017/09/27/une-terrible-nouvelle
(2) http://meteopolitique.com/fiches/eau/fleuve/methaniers/Presse/a058.htm
(3) http://meteopolitique.com/Fiches/gaz/documentation/soquip_fermeture_neoliberalisme.pdf
(4) https://fr.scribd.com/document/333065863/Ressources-Quebec-investissement-hydrocarbures
(5) http://eausecours.org/wp-content/uploads/2016/02/Expertise-du-Collectif-scientifique.pdf
(6) http://www.tvanouvelles.ca/2017/10/12/pierre-moreau-donne-des-nouvelles-de-son-etat-de-sante
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