Yolande Geadah (1950-2023)

L’autrice est présidente de Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec)

C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Yolande Geadah, cette infatigable militante pour les droits des femmes et en faveur de la laïcité.

Lauréate du prix Condorcet du Mouvement laïque québécois, cette intellectuelle et militante féministe d’origine égyptienne est arrivée au Québec en 1967.  Yolande Geadah était une chercheure rigoureuse et engagée. Membre de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM, elle ne craignait pas de s’engager pour la cause des femmes.

La laïcité, le voile sous toutes ses formes, la lutte aux intégrismes religieux, la prostitution, la polygamie, les crimes d’honneur sont quelques-uns des enjeux qu’elle a traités avec rigueur, cherchant toujours des solutions pour faire avancer les droits des femmes et la paix sociale au Québec.

Le Conseil du statut de la femme a recouru à elle pour la recherche et la rédaction de trois de ses Avis (polygamie, prostitution et crimes d’honneur). Il n’y a qu’à consulter le site féministe Sisyphe pour constater combien Yolande était prolifique et engagée pour les droits des femmes, ne craignant pas d’aborder les enjeux controversés de l’heure. De nombreux articles dans Le Devoir et La Presse témoignent aussi de cet engagement envers la société.

Cependant, c’est en novembre 2020 que sa contribution fut particulièrement remarquée lors du procès en Cour supérieure intenté contre la Loi 21 portant sur la laïcité de l’État. Elle s’est portée à la défense de la laïcité de l’État en tant qu’experte à titre gratuit du groupe féministe Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec).

Quand on lit son rapport d’expertise, celle d’une spécialiste de la culture arabo-islamique, nourrie par le travail de terrain en développement international, on comprend pourquoi toutes ces tentatives de la part des avocats opposés à la loi 21 sur la laïcité de l’État afin que Yolande Geadah ne soit pas entendue en cour et que son expertise ne soit pas admise comme preuve.

En effet, cette expertise est une somme d’analyses et de faits percutants dont nous a fait bénéficier Yolande Geadah. Il a fallu que M^e Christiane Pelchat, l’avocate intervenant de façon pro bono en Cour supérieure pour PDF Québec, développe une argumentation soutenue pour que le juge de la Cour supérieure accepte d’entendre Yolande Geadah. Cela est très révélateur de la pertinence de son expertise.

PDF Québec, les femmes du Québec et toute la société québécoise lui sont redevables pour un travail remarquable et un dévouement sans failles en faveur des femmes et du progrès social du Québec. Une femme discrète, mais à la parole puissante et sage, c’est ce que nous révélaient les nombreux livres¹  et articles qu’elle a rédigés.

Quelle perte pour ses proches, mais aussi pour la cause des femmes ainsi que pour la société québécoise tout entière! Yolande Geadah aura été au-devant de la scène pour la défense de la loi 21 du Québec et contre les menaces que faisaient peser sur les femmes la prostitution et les différentes manifestations des intégrismes religieux.

Le Québec perd une grande dame et PDF Québec perd une grande contributrice et amie.

Le témoignage de Yolande Geadah est inclus dans le livre de Christiane Pelchat, La Laïcité de l’État. Socle du droit des femmes à l’égalité. Préface de Pauline Marois, Éditions du Renouveau québécois. Pour se procurer le livre, cliquez ici.

Une commémoration aura lieu le jeudi 31 août entre 17 h et 20 h, au salon funéraire Urgel Bourgie, 1255, avenue Beaumont (station de métro L’Acadie).

1 Femmes voilées, Intégrismes démasqués (1996 et 2001); La prostitution, un métier comme un autre? (2003); Accommodements raisonnables - Droit à la différence et non différence des droits (2007)