Claude Morin, un espion au sein du Parti Québécois

2023/09/15 | Par L’aut’journal

Au cours des dernières semaines, les médias ont fait mention d’un article publié dans la revue Intelligence & National Security dans lequel les professeurs Dennis G. Molinaro, professeur en histoire du renseignement secret à l’Ontario Tech University, et son collègue Phillip H. G. Davies, de l’Université Burnel à Londres, qui porte sur la présence au cours des années 1970 d’un groupe policier ultrasecret travaillait sous la gouverne de Trudeau père contre les souverainistes. Le groupe de travail spécial, connu sous le nom de code FAN TAN, était dirigé par Marc Lalonde, l’ancien chef de Cabinet et bras droit de M. Trudeau.

La révélation de l’existence de ce groupe ultrasecret, connu également sous le nom de Groupe Vidal, n’est toutefois pas nouvelle. Louis Fournier en a fait mention dans son livre FLQ: Histoire d’un mouvement clandestin (VLB 1982) et Normand Lester dans son livre Enquêtes sur les services secrets (Éditions de l’Homme, 1998).

Les médias ont rappelé les principaux faits d’armes de ce groupe : le vol de la liste des membres du Parti Québécois par la GRC en 1973, l’incendie d’une grange, l’installation de tables d’écoute dans les locaux du PQ. Cependant, on a évité de mentionner l’opération la plus importante de la GRC contre le mouvement indépendantiste, soit l’infiltration d’une taupe dans les instances supérieures du PQ en la personne de Claude Morin.
 

Claude Morin – Un jeu dangereux 

Mais on ne perd rien pour attendre. Les auteurs de la série télévisée Le dernier felquiste (Antoine Robitaille, Dave Noël et Flavie Payette-Renouf) ont réalisé une série de quatre épisodes intitulé « Claude Morin – Un jeu dangereux », qui sera diffusée dès le 19 septembre sur la plateforme Vrai (https://www.qub.ca/vrai). Pierre Dubuc, le directeur de l’aut’journal, est un des participants. Il a publié en 2003 une analyse du parcours de Claude Morin dans son livre L’autre histoire de l’indépendance (Trois-Pistoles). Il réédite aujourd’hui cette analyse dans un livre intitulé Claude Morin, un espion au sein du Parti Québécois. Voici la présentation de ce livre.

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Présentation du livre

En 1992, le journaliste Normand Lester de Radio-Canada révèle que Claude Morin est un agent rémunéré des services secrets canadiens. Claude Morin reconnaît alors avoir eu des contacts dès 1951 avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et admet, alors qu’il est membre de l’Exécutif national du Parti Québécois, avoir touché ente 500 $ et 800 $ (soit 2 885 $ à 4 616 $ en dollars de 2023) à chacune de ses vingt-neuf rencontres avec son contrôleur, l’agent Léo Fontaine.

Le principal fait d’armes de Claude Morin est d’avoir fait remplacer, dans le programme du Parti Québécois, la stratégie qui prévoyait l’accession à l’indépendance du Québec à la suite d’une victoire électorale par l’« étapisme », une stratégie référendaire comprenant au moins deux référendums, qui lui a été soufflée, de son propre aveu, par de hauts fonctionnaires fédéraux. Pour parvenir à ses fins, Claude Morin recevait de l’agent Léo Fontaine des informations qui lui permettaient d’identifier et d’isoler les opposants à ses machinations. Le « stratège » autoproclamé a aussi été un des principaux responsables de la déroute du gouvernement Lévesque lors de « la nuit des Longs Couteaux », au moment des négociations de 1981 sur le rapatriement de la Constitution.

Dans cette réédition d’un chapitre consacré à Claude Morin dans son livre L’autre histoire de l’indépendance, suivi d’une réplique aux démentis de Morin, Pierre Dubuc relate toutes les péripéties des manœuvres de Claude Morin pour parvenir à ses fins. Il soutient aussi, sur la base d’une déclaration de sa cheffe de cabinet de l’époque, Louise Beaudoin, et d’admissions à peine voilées de Morin, que celui-ci était également un agent de la CIA.

Au moment où s’amorce – bien que timidement – un nouveau cycle politique avec la remontée du Parti Québécois, les indépendantistes doivent tirer les leçons de l’affaire Morin.

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