Après une série de désastres électoraux au tournant des années 2010, une quantité considérable de militants indépendantistes prirent le risque d’un changement de cap majeur dans leur affiliation et leur stratégie politique. Plusieurs désertèrent ainsi les classiques véhicules, le Parti québécois (PQ) et le Bloc québécois (BQ), pour explorer de nouvelles avenues. L’urgence de se doter d’un parti indépendantiste décomplexé justifiait la création d’une coalition souverainiste qui ne ferait pas de compromis sur sa raison d’être. Ainsi naquit Option nationale (ON).
À l’aube de la campagne électorale 2017, Option nationale vota pour une fusion avec Québec solidaire (QS) : les militants ONistes constatèrent alors l’abandon d’une démarche indépendantiste tangible sous le leadership de Jean-François Lisée. Toute tentative d’accession à l’indépendance étant évacuée de la plateforme péquiste de 2018, plusieurs souverainistes ont alors identifié Québec solidaire comme un potentiel véhicule pouvant pousser l’idée vers le haut. Le parti de gauche leur tendant alors la main, ils ont choisi de lui donner une chance.
Si l’idée de fusion était louable à l’époque, force est d’admettre qu’elle n’a pas eu l’effet escompté. Aujourd’hui, le dernier sondage Léger démontre toute l’étendue de cet échec, avec seulement 35 % des électeurs de Québec solidaire se disant indépendantistes. Pire encore, seuls 14 % des électeurs solidaires souhaitent voir leur parti faire davantage la promotion de l’indépendance. Quelle serait notre opinion d’un parti environnementaliste dont seulement 14 % des électeurs souhaiteraient qu’on en fasse plus pour le climat ? Poser la question, c’est y répondre.
Nous en revenons donc ici à ce qui fut, pour plusieurs d’entre nous, un point de rupture avec le PQ en 2012. Nous, membres fondateurs d’Option nationale, ne voulions plus donner notre temps et notre appui à un parti qui cacherait le projet d’indépendance dans son placard, l’agitant à l’occasion dans les soirées militantes pour consolider son emprise sur une certaine base d’électeurs. Voilà qu’aujourd’hui, l’histoire se répète à Québec solidaire.
Analysons la situation actuelle, maintenant. Après un purgatoire lors duquel il semble avoir frôlé la mort, force est d’admettre que le Parti québécois est de retour. Après une campagne résolument axée sur l’indépendance, suivie d’une série d’actions clés, l’équipe réduite de Paul St-Pierre Plamondon a démontré, par son simple courage politique, sa véritable force de frappe. En évacuant toute forme de compromis sur son article 1, il aura suffi d’un peu de volonté pour que l’abolition du serment au roi soit en vigueur.
Devant les résultats décevants de la fusion d’Option nationale et de Québec solidaire, nous nous adressons aujourd’hui à nos anciens camarades d’Option nationale, toujours parties prenantes de la machine solidaire. Il est temps de se retrouver et de converger vers un véhicule qui ne craint pas de faire de l’indépendance sa priorité. C’était notre raison d’être, souvenez-vous !
Nous avons, nous aussi, investi temps et énergie dans Option nationale. Il est très difficile aujourd’hui de constater que cet héritage politique est accaparé par un parti qui met cet enjeu fondamental dans le caniveau de sa liste de priorités. Constater que ce qui fut un jour l’avant-garde du mouvement indépendantiste est relégué au rang de groupuscule dans un parti à majorité fédéraliste nous fait mal au cœur.
Il est temps de rapatrier vos couleurs vers un parti digne de vos convictions. À nos yeux, le Parti québécois de PSPP aura réussi, en peu de temps et avec peu de moyens, à faire avancer concrètement l’indépendance du Québec. Imaginez maintenant ce qu’il serait possible d’accomplir en faisant converger nos forces au sein de ce même parti. Il est temps de faire le choix qui s’impose, pour que la suite de l’histoire ne devienne pas une triste répétition de nos erreurs passées.
* Ont aussi signé cette lettre : Thomas Rodrigue, ancien membre d’Option nationale ; Gabriel Gauthier, ancien candidat d’Option nationale (L’Assomption) ; Yannick Paquette-Gendron, ancien président d’Option nationale (Terrebonne) ; Pierre-Alexandre Bugeaud, ancien candidat d’Option nationale (Masson) ; Maxime Poulin-Pomerleau, ancien trésorier d’Option nationale (Terrebonne) ; Samuel Dubé Roussy, ancien membre d’Option nationale ; Olivier Lacelle, ancien candidat d’Option nationale (Gouin) ; Éric Laforce, ancien membre d’Option nationale ; Jean-Philippe Nadeau Marcoux, ancien membre d’Option nationale ; Catherine Hervieux, ancienne secrétaire d’Option nationale (Laval-des-Rapides) ; Yannick Racine, ancien membre d’Option nationale ; Patrice Racine, ancien membre d’Option nationale ; David Provost, ancien membre d’Option nationale.