Partout, à travers le monde, les milieux politiques, économiques et médiatiques se préparent à l’éventualité d’une élection de Donald Trump à l’automne 2024. Au Canada, nous devons également envisager l’élection fort possible d’un gouvernement Poilièvre. Un tel scénario aurait des conséquences désastreuses pour le Québec, mais pourrait paradoxalement ouvrir une fenêtre pour le mouvement indépendantiste.
Trump
Les médias américains ont dévoilé plusieurs volets des politiques d’une nouvelle administration Trump. De toute évidence, l’immigration sera le thème dominant de sa campagne : militarisation de la frontière avec le Mexique, vastes camps de rétention pour les sans-papiers, campagne d’expulsions inédite, fin de l’obtention automatique de la nationalité américaine pour les enfants d’immigrants nés aux Etats-Unis ; peine de mort pour les trafiquants de drogue.
Au chapitre de l’État de droit, transformation d’une vendetta personnelle en croisade collective, comme il l’exposait en mars devant l’organisation conservatrice Conservative Political Action Conference. « Je suis votre guerrier. Je suis votre justice. Et pour ceux qui ont été lésés et trahis : je suis votre châtiment. » Il a même suggéré que le général Mark Milley, ancien chef d’état-major des armées, aurait pu être exécuté pour trahison.
Le 11 novembre, devant ses partisans, dans le New Hampshire, il a déclaré: « Nous vous promettons d’éradiquer les communistes, les marxistes, les fascistes et les voyous de la gauche radicale qui vivent comme de la vermine dans les confins de notre pays, qui mentent et volent et truquent nos élections. »
Le programme de Trump est développé dans le Projet 2025 piloté par la Heritage Foundation, un think tank de droite. Il est doté d’un budget d’au moins 22 millions de dollars. Il propose à ceux désireux de porter cette révolution conservatrice de s’enregistrer dans une base de données. L’objectif est de rassembler 20 000 noms sûrs d’ici à l’élection pour remplacer les fonctionnaires fédéraux en place et détruire l’« État profond ». Le Projet 2025 veut organiser une « académie de l’administration présidentielle », afin de préparer les futurs cadres à être opérationnels dès le premier jour.
L’arrivée au pouvoir d’une administration fasciste – puisque c’est bien de cela dont il s’agit – au sud de la frontière aurait des conséquences majeures sur la politique et l’économie canadienne.
Deux volets devraient attirer particulièrement notre attention. Premièrement, le retrait des États-Unis de l’OTAN. Dans son premier mandat, Trump est venu à un cheveu de le faire. Ses conseillers ont réussi in extremis à l’en dissuader. Mais il saura « mieux » s’entourer dans un deuxième mandat.
Deuxièmement, Trump annoncera fort probablement le retrait des États-Unis du traité de libre échange avec le Canada et le Mexique. Là encore, c’est l’action de ses conseillers qui l’ont empêché de le faire. Il s’est contenté d’une renégociation du traité dont a souffert le Canada. Ne mentionnons que la clause qui accorde à Washington un veto sur tout traité de libre-échange avec un autre pays, la cible visée étant un traité Canada-Chine.
Les conséquences pour le Canada et le Québec de l’abandon du traité de libre échange avec les États-Unis et l’instauration de mesures protectionnistes américaines auraient un impact considérable sur nos relations économiques.
Ajoutons à cela la promesse de Trump de mettre fin aux subventions et aux mesures environnementales particulièrement dans l’industrie automobile. La filière batteries tomberait en panne sèche.
Poilièvre
Examinons maintenant les conséquences de l’élection d’un gouvernement conservateur dirigé par Pierre Poilièvre à Ottawa. Attardons-nous seulement à sa principale promesse : la réduction du déficit.
Nous avons déjà joué dans ce film. Nous savons que cela signifie d’énormes compressions budgétaires, qui affecteront les programmes sociaux fédéraux et les transferts aux provinces.
De plus, Poilièvre favorisera les provinces productrices de pétrole et de gaz naturel.
Le Québec serait donc touché de plein fouet par les politiques du duo Trump et Poilièvre. L’impact serait majeur. S’ouvrirait alors la possibilité – voire la nécessité – de revoir complètement nos relations avec nos voisins et, donc, de faire renaître le projet indépendantiste.
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