Plus ça change…. l’Abbé Pierre

2024/01/10 | Par Gaston Michaud

L’auteur habite Racine

Question de me resituer dans l’histoire, j’étais présent au film qui rapporte le long et difficile cheminement de l’Abbé Pierre. Un personnage inspiré et marquant pour toute une époque.

Nous sommes juste après la guerre de 45. En France, comme dans la plupart des pays en Europe, le problème du logement est catastrophique. Les maisons à moitié détruites ou inhabitées, les ruelles, les forêts, accueillent, par milliers, des gens qui meurent de froid et de faim.

L’Abbé Pierre bouscule hardiment les décideurs des hautes sphères qui font de la prospective bien au chaud mais qui semblent inconscients de ce qui se passe au niveau de la rue.

Puis, il rapaille un bon nombre de ces désespéré et essaie de les mettre à l’œuvre. Et il réussit : les riches jettent à la rue beaucoup de matériel réutilisable. On ramasse ce matériel, on le répare, on le réutilise, et on construit. Et le mouvement se répand. C’est le mouvement Emmaüs. Question angoissante et vitale : est-ce que l’Abbé Pierre a vraiment changé la donne pour la suite des choses? Le film nous interroge là-dessus.

Nos problèmes actuels de logement sont criants : personne ne l’ignore. Surtout ceux qui en manquent, surtout ceux qui ne peuvent pas les payer, surtout ceux qui dorment dans les rues ou dans les parcs. Partout en Amérique du Nord et en Europe. Dans certaines grandes villes américaines, les grandes artères commerciales sont fermées, car elles sont trop occupées par l’invasion des itinérants. Et pourtant on parle d’immigration. Et pourtant la vague de réfugiés vers le nord est inévitable et ne fait que commencer!

Des solutions urgentes et majeures s’imposent. Avec des décisions fédérales, provinciales et locales à prendre rapidement. Avec les décisions financières courageuses qui vont s’imposer.

Des milliardaires américains veulent aller habiter sur mars. Ils pourraient bien laisser quelques milliards pour habiter sur terre. Plusieurs millionnaires canadiens avaient gagné plus le soir du premier janvier qu’une grande partie des travailleurs d’ici. Les disparités salariales locales sont une honte et devraient être dénoncées à haut cri. Les milliards dans les abris fiscaux pourraient bien servir à acheter de la planche et du clou. Etc.

Et puis, il y a toutes ces normes restrictives qui empêchent les citoyens de participer à des tâches communautaires. Et puis, au cours de la dernière longue grève, j’aurais aimé les centrales syndicales remettre en question certaines échelles sociales et surtout, surtout, se préoccuper du sort de ceux qui travaillent au salaire minimum et qui fréquentent les banques alimentaires.

J’ai aimé le film sur l’Abbé Pierre. Mais il n’a pas changé grand chose. Présentement, tout le monde tire la corde de son bord. Mais les plus gros et les mieux organisés tirent plus fort.

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« Il est important de réformer une science économique qui s’est fourvoyée, entrainant dans son sillage l’accroissement des inégalités et la montée de la pauvreté ». (Stiglitz, prix Nobel de l’économie).