L’ile d’Orléans et le troisième lien

2023/10/18 | Par Louis Duclos

L’auteur a été député fédéral de Montmorency-Orléans de 1974-1984
 

L'incompétence et la mauvaise foi du gouvernement Legault dans la saga du troisième lien à Québec ne sont plus à démontrer et ont même survécu à l'humiliante défaite encaissée par la CAQ dans Jean-Talon le 2 octobre dernier. Ainsi, attribuer essentiellement cet échec électoral aux volte-face de la CAQ dans ce dossier en avril dernier comme l'a fait le premier ministre au lendemain de l'élection vise surtout à en occulter les véritables causes, et elles nombreuses. Au nombre de celles-ci, notons particulièrement les suivantes:

1) l'état avancé du délabrement des réseaux de la santé et de l'éducation

2) les offres salariales méprisantes faites aux fonctionnaires de l'État québécois qui représentent 20% de l'électorat de Jean-Talon.

3) le retour au bercail péquiste de nombreux souverainistes révoltés par les fins de non-recevoir que Justin Trudeau lui a opposées à répétition dans le dossier constitutionnel, notamment en matière d'immigration. Et ce sans compter la grande popularité du chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon et la feuille de route impressionnante du candidat péquiste, Pascal Paradis.

Cela étant dit, il faut s'inquiéter de la lecture simpliste que François Legault fait des résultats de la partielle dans Jean-Talon. Pourtant, il est plus qu'évident que la question du troisième lien ne fut pas un enjeu significatif lors de cette élection puisque le candidat du Parti conservateur, seule formation politique ayant fait la promotion du troisième lien, n'a obtenu que 6% des voix. Plus inquiétant encore, c'est la possibilité évoquée par le premier ministre de construire un pont entre la rive sud et l'ile d'Orléans, laquelle deviendrait en quelque sorte un tremplin entre les deux rives. Pourquoi donc un pont plutôt qu'un tunnel ?

Tout simplement, selon un député caquiste de la rive sud, parce qu'un pont pourrait, contrairement à un tunnel, permettre le passage de camions lourds transportant des matières dangereuses. Voilà la belle affaire en perspective pour la sécurité de la population de l'ile d'Orléans appelée à rencontrer tous les jours sur le nouveau pont de l'ile ces dangers ambulants que constituent ces mastodontes de la route.

Dans ces conditions, il faut souhaiter que les élu(e)s de l'ile d'Orléans sachent résister aux pressions dont ils sont déjà l'objet de la part de leurs collègues de la rive sud et fassent connaitre sans délai sur la place publique leur opposition à ce projet insensé.