Voilà que J-F Lisée me fait l’honneur d’une réponse à ma modeste réplique à son premier texte sur le Cégeps français:
« Il arrive que le critique se tire un argument dans le pied, comme le fait sur le site souverainiste Vigile, Frédéric Lacroix : Quel problème M. Lisée essaie-t-il de résoudre en forçant tous les étudiants à suivre 25% de leurs cours en anglais ? La connaissance « limitée » de l’anglais des jeunes Québécois francophones ? Le bilinguisme anglais-français des jeunes Québécois francophones atteint déjà des sommets inégalés dans l’OCDE. Effectivement, la volonté des Québécois de connaître l’autre langue du continent est telle que, malgré les ratés du système d’éducation à cet égard, ils arrivent cahin-caha à l’apprendre. C’est donc que toute tentative de les en empêcher est non seulement politiquement fautive, mais vouée à l’échec. Cette peur viscérale de l’anglais, heureusement peu répandue chez les jeunes souverainiste, explique “l’angle mort” d’une frange des souverainistes dans leur combat pour étendre simplement la loi 101 aux Cégeps. Le fait est que cette mesure serait punitive pour les francophones, en leur interdisant l’option du Cégep anglophone pour compenser la faiblesse de l’enseignement de la langue seconde au secondaire. Cela aurait pour effet de mécontenter une part de l’électorat francophone autrement sympathique au PQ, même celle, majoritaire, qui ne compte pas utiliser ce droit. »
Examinons quelques affirmations de M. Lisée :
1) Les « ratés » du système d’éducation :
Les cours d’anglais sont obligatoires au Québec à tous les cycles scolaires incluant le primaire, secondaire, cégep et université. Un jeune Québécois devra obligatoirement suivre des cours d’anglais à chaque année passée à l’école.
Nouveauté depuis quelques années, l’anglais en première année du primaire et des cours d’anglais obligatoires dans plusieurs formations universitaires.
Le Québec est le seul état au monde à imposer des cours d’anglais à toutes les années de tous les cycles scolaires.
Résultat : les jeunes Québécois sont déjà les plus « fluents » en anglais dans l’OCDE (plus de 62% sont capables de soutenir une conversation en anglais et plus 85% se « débrouillent » selon Stat Can.) et ce taux est en augmentation à chaque recensement alors que le bilinguisme est à la baisse chez les anglophones canadiens.
Ceci amène la question suivante : quel taux de bilinguisme satisferait M. Lisée? Est-ce que la totalité des Québécois devraient parler anglais?
Si la réponse est oui, alors cela est en contradiction avec l’objectif de la Charte de la langue français de faire du français la langue « normale et habituelle » du travail et des communications.
Par ailleurs, notons que cette volonté d’enseigner toujours plus d’anglais à l’école est liée à la peur et au refus de franciser le monde du travail.
Ceci alors que la majorité des allophones et qu’un nombre impressionnant de francophones travaillent en anglais à Montréal.
Notons aussi que le gouvernement du Québec, par le biais de ses subventions massives aux institutions anglaises (universités et hôpitaux) est le plus grand employeur d’unilingues anglais au Québec, unilingues qui imposent leur langue au travail.
Plutôt que de heurter de front les sensibilités du West Island et de franciser les milieux de travail, M. Lisée préfère faire porter le fardeau du bilinguisme sur les épaules des seuls bilingues au Canada, les jeunes francophones.
En affirmant gratuitement que le système d’éducation connaît des « ratés » dans l’enseignement de l’anglais, M. Lisée ne fait que reprendre, sans aucune preuve et sans appuyer ses dires, une vieille rengaine.
Par ailleurs, le Québec est aussi un des rares États à ne pas offrir le choix de la langue seconde, alors que les étudiants sont libres de choisir leur langue seconde dans plusieurs pays européens. Au Québec, c’est anglais obligatoire pour tout le monde.
Voilà une contrainte liée à notre situation d’aliénés, que peu de péquistes sont prêts à dénoncer.
2) « Cette peur viscérale de l’anglais, heureusement peu répandue chez les jeunes souverainiste, » :
Étant donné que j’ai environ 15 ans de moins que M. Lisée, le souverainiste vieillissant, c’est plutôt lui…
3) « Le fait est que cette mesure serait punitive pour les francophones « :
Doit-on comprendre que M. Lisée juge que la loi 101 au primaire et secondaire soit également punitive?
M. Lisée oublie-t-il que les droits linguistiques ne sont pas des droits fondamentaux individuels comme le Canada essaie de nous le faire croire dès qu’il s’agit du Québec, mais que l’aménagement linguistique et un droit des états reconnu par l’ONU?