Peu à peu je perds mes illusions sur les prétendues vertus de la féroce concurrence entre agents économiques qui, obéissant religieusement aux lois naturelles du marché, fait que seul les plus forts survivent et que l’on arrive ainsi toujours au plus bas prix pour le plus grand plaisir des consommateurs. Ça c’est la marotte éculée des affairistes, de leurs politiciens et de leurs mascottes de service.
Oh, doux Jésus! Je tombe sur un récent article de la Presse du 21 septembre 2010 intitulé : «Sans-fil : Recul de 1% de la facture moyenne au Canada en 2010». Dans l’introduction de l’article, le journaliste Maxime Bergeron mentionne que : «Même si la concurrence a monté de plusieurs crans dans le sans-fil avec l’arrivée de nouveaux fournisseurs, la facture mensuelle des Canadiens aura reculé d’un maigre 1% cette année. Il s’agit de la facture la plus élevée dans le monde après le Japon». Merveilleux plusssss meilleur pays au monde qu’est le Canada.
«Et pourtant», tel était le titre d’une chanson des années 60 de Charles Aznavour. Eh oui, et pourtant, en 2007, l’ex-ministre conservateur de l’industrie du Canada, Maxime «Jos Louis» Bernier avait juré sur son «déshonneur», dans La Presse du 7 avril 2007 (dans un autre article de Maxime Bergeron) : «Pour le libre marché. La guerre des prix favorisera les consommateurs, affirme le ministre fédéral de l’industrie».
Dans Les Affaires du 21 avril 2007, il a affirmé de nouveau sa foi profonde au libre marché, c’est-à-dire le marché libéré de tout irritant et entrave afin de pouvoir nous fourrer librement : «Les Québécois vont obtenir des prix plus bas dès cet automne» qu’il a claironné dans toute sa suffisance. Petit porte-queue de messires va! Dire que ce rejeton de l’Institut économique de Montréal a déjà été conseiller économique au parti «social-démocrate» du Parti Québécois. Bernard Landry l’aimait bien.
Ces naïves promesses solennelles de tarifs moins élevés des entreprises de télécommunications (Le Devoir, 12 septembre 2007) ne sont naturellement jamais venues et ça, l’hypocrite Bernier le savait.
Bernier vous a berné encore une fois comme les élus des autres partis politiques qui se font un devoir de compléter leurs services politiques de façon à être repêché par les profiteurs qu’il a gavés et gâtés, lorsque la cloche de la retraite politique sonne.
Les ministres conservateurs se suivent et ressemblent à titre de guignols de service. Le ministre de l’industrie Tony Clément, qui a succédé à Maxime «Don Juan» Bernier, a autorisé, en 2009, la venue d’un nouveau concurrent dans le sans-fil, Globalive Wireless Management, afin de faire exploser la compétition et baisser les prix à presque rien (La Presse, 12 décembre 2009 «Ottawa permet la venue d’un concurrent majeur»).
Petit hic à leur patante à gosses, les prix ont plutôt augmenté. Faut arrêter de rire du monde. C’est carrément du mépris. Ils nous avaient servi le même numéro en 2008 comme l’illustre parfaitement le titre de ces deux articles : «Derrière les finances du sans-fil, la facture mensuelle du consommateur. Le revenu par abonné au Canada est parmi les plus élevés au monde (Le Devoir, 31 juillet 2008) et «Téléphonie sans fil et internet : Factures salées pour les Canadiens.
Selon l’OCDE, les consommateurs d’ici dépensent 55 fois plus d’argent qu’au Japon pour avoir accès à Internet haute vitesse». Internet, sans fil, téléphonie locale… les mêmes joueurs donc les mêmes «crossantins» pour reprendre une expression de Michel Chartrand.
La Presse du 24 décembre 2009 titrait en première page et en grande pompe : «Télécommunications : l’armée de la concurrence». Ce fut plutôt l’année de l’arnaque continue en très haute vitesse. Emmenez-en des nouveaux concurrents tant que vous voulez, il n’y aura pas plus de compétition et le «marché» va continuer à vous voler en toute liberté. Entre gentlemens corporatifs, mieux vaut s’entraider que s’entredéchirer.
D’ailleurs, c’est pas moi qui le dit, mais les compagnies de télécommunications elles-mêmes. Voyons voir ça de plus près. Tiens, tiens, que dites-vous de celle-ci : «Sans-fil : pas de guerre de prix, prédit BCE» (Journal de Montréal, 7 mai 2010). Je crois que leur prédiction se réalisera. Faut bien que Bell vienne vous détrousser pour payer ses frasques avec l’américaine SBC, Nortel, Montreal Trust, BCE Development, etc.
Ah ben, tiens un autre ressorti de mes dossiers d’articles de journaux «top secret» : «Avec les nouveaux joueurs, Rogers ne se livrera pas à une guerre de prix» (Le Devoir, 10 juin 2010).
Rogers a trop de classe pour livrer bataille à ses collègues. Il ne l’a jamais fait avec les anciens joueurs et il ne fera pas exception à son «code d’éthique» avec les nouveaux.
Voyons donc, la concurrence n’est qu’une vue de l’esprit tordu de pantins affranchis. Ah ben, ça parle au diable, j’en ai retracé un autre : «Quebecor : Pas de guerre de prix en vue avec Bell».
Pierre-Karl Péladeau préfère faire la guerre à ses employés du Journal de Montréal qu’il a mis en lock-out depuis près de deux ans. Il avait fait la même ignominie avec les journalistes du Journal de Québec
Il aime bien échanger des gros mots méchants avec Bell pour brainwasher la galerie d’innocents, mais PKP, un ancien marxiste comme Alain Dubuc de La Presse et Jean-François Lisée du Parti Québécois, a des principes.
Discutables peut-être, mais des principes guidés uniquement et seulement par le fric. Les autres principes plus philosophiques, il les laisse aux pelleteux de nuage. Lui il préfère pelleter du «cold cash».
Ma plus comique que j’ai puisée dans mes archives, je l’ai gardée pour la fin et l’article s’intitulait : «Pacte de non-agression Rogers-Shaw» qui avait été publiée dans La Presse du 24 mars 2000. Une pièce d’anthologie que je serais disposé à échanger pour la carte de hockey de Léo Labine. Amateurs de cartes de hockey pas sérieux, prière de vous abstenir.
Pour les firmes de télécommunication, se concurrencer entre elles comme le postule l’économie de marché, est à considérer comme une agression qu’il faut absolument proscrire. Je dirais même que les agents économiques qui s’aviseraient de concurrencer ses frères corporatifs devraient être poursuivis en justice.
En vérité, je vous le dis : bientôt, la concurrence «réelle et véritable» sera considérée comme un geste criminel passible d’emprisonnement.
L’avenir de Maxime Bernier est dans l’ouverture d’une maison de distribution de Jos-Louis en Afghanistan, peut-être en co-propriété avec l’aguichante Julie Couillard, spécialisée dans la recherche de dossiers politiques égarés. Il nuirait moins.
Ses collègues devraient l’imiter. Ainsi, ils arrêteraient de dire des niaiseries et par conséquent de faire les niaiseux et d’ergoter sur les nombreux sujets économiques et autres dont ils sont dotés d’une ignorance crasse et indécrottable.
Dans mon jeune temps, il y avait deux chansons françaises très populaires au Québec. «Gaston y’a le téléfon qui son» de Nino Ferrer et «Téléphone-moi» de Nicole Croisille.
Malheureusement, Nicole ne peut plus téléphoner à Gaston car son «téléfon» ne sonne plus puisqu’il n’en a plus. Trop cher. Ça leur apprendra venir vivre dans le plussss meilleur pays du monde.
Du même auteur
2014/05/13 | Gros profits et zéro redevance : Qui dit mieux? |
2014/04/18 | La bataille pour Osisko |
2014/04/03 | Couillard et Barrette en gros conflits d'intérêt |
2014/03/19 | La recherche économique universitaire au service du patronat |
2014/02/19 | Le racket sordide des pénuries organisées de médicaments |