Il fallait un géant pour rendre hommage à un autre géant !
Armand Vaillancourt n’a plus besoin de présentation. Michel Chartrand non plus d’ailleurs. Et quand le premier a eu l’idée de rendre hommage au second, il a vu grand. Une sculpture de dix mètres de hauteur, qui met en place pas moins de 20 plaques d’acier d’un poids de 24 tonnes chacune, le tout planté sur une base de béton coulée dans le Parc Michel-Chartrand, à Longueuil.
Le 7 juin, sur les lieux mêmes où sera érigée cette sculpture, la campagne visant à recueillir les 850 000 $ nécessaires à sa réalisation était lancée en présence de la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, du président de la CSN, Jacques Létourneau, et de l’une des deux porte-parole de la campagne, la comédienne Geneviève Rioux.
Retenu sur un tournage, l’autre porte-parole, Luc Picard, qui avait personnifié Michel Chartrand dans une série télévisée à grand succès il y a quelques années, a fait tenir un texte lu par madame Rioux.
« Lui, le héros de la classe ouvrière, l’amoureux des hommes et des femmes et du pays. Lui, le fraternel combattant, le chaleureux, le chrétien », a-t-il dit, ajoutant « qu’il faut que nos enfants connaissent Michel Chartrand, qu’on le leur raconte».
Rappelons que Chartrand était un ami de la première heure de l’aut’journal et qu’il a contribué à plusieurs campagnes de financement, en plus de fournir plusieurs articles.
De son côté, la mairesse St-Hilaire a souligné que Chartrand n’a laissé personne indifférent. « À son image, cette œuvre alimentera bien des discussions, par sa beauté, par son envergure et par son impact. Elle sera surtout à la hauteur de l’homme et de ses convictions».
Quant au président de la CSN, Jacques Létourneau, il a affirmé que « la fidélité de Michel à l’endroit des travailleuses et des travailleurs ne s’est jamais démentie sur la longueur d’une vie. On lui doit d’avoir mis au premier plan des combats syndicaux, de manière dramatique, les questions de santé et de sécurité au travail. Il en avait fait le combat de sa vie et de ce point de vue, la société québécoise lui doit beaucoup. »
Armand Vaillancourt a pour sa part déclaré vouloir créer un monument destiné à la classe ouvrière en mémoire à Michel Chartrand, exemple de connaissances et de courage. « Pour sauver ce qu’il nous reste et grandir avec une nouvelle semence. La force ouvrière, ce sont des gens qui collaborent à la réussite d’un peuple, d’un pays en devenir. C’est nous tous », a soutenu le sculpteur.
L’acier nécessaire à l’érection de la sculpture, d’une valeur de 350 000 $, a été fourni par l’entreprise ArcelorMittal.
Michel Chartrand a été une figure dominante du syndicalisme québécois pendant plus de cinquante ans. De la grève de l’amiante, en 1949, jusqu’à la défense des travailleuses et des travailleurs accidentés, en passant par la présidence du Conseil central de Montréal, Michel Chartrand a profondément marqué le siècle syndical.
Son engagement, parfois tonitruant, mais toujours sincère du côté de la classe ouvrière, a bousculé plusieurs idées reçues et le peuple, qui sait reconnaître ceux qui prennent son parti, était tout oreille quand son discours cinglait au-dessus des foules.
Il fallait que ce géant reçoive, des syndicalistes et du peuple québécois, les hommages qu’une vie tout entière consacrée à la défense des moins bien nantis lui a assurément mérités.
Les multiples engagements de Michel Chartrand ont fait en sorte qu’il a dû payer de sa personne, souvent, pour que progressent les droits, les libertés, la démocratie. Ce combattant était d’abord un humaniste, un amoureux des arts et des lettres, qui savait se ressourcer dans la lecture et dans la méditation.
Il n’a pas toujours été facile à vivre dans une organisation comme la CSN. Il a dérangé souvent. Mais il a toujours fait appel dans ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain. De ce point de vue, il fut un magistral éveilleur de conscience.
Le Bureau confédéral de la CSN a appuyé de manière unanime le projet d’Armand Vaillancourt en soutenant une campagne de souscription auprès des organismes et des syndicats. Le président, Jacques Létourneau, a félicité Armand Vaillancourt de cette initiative.
« C’est une campagne qui se fait sur une base volontaire, a-t-il dit aux membres du Bureau confédéral. Mais nous sommes convaincus que les membres de la CSN, les syndicats affiliés et le public en général feront le nécessaire pour honorer la mémoire d’un homme qui les a défendus avec autant d’ardeur. »
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