La Maison Bleue

2021/02/01 | Par André Hamel

L’auteur est compositeur et enseignant

On dit que si l’on ne vaut pas une risée, on ne vaut pas grand-chose. Soit. J’aime bien par ailleurs les humoristes qui rient des travers des québécois, Sugar Sammy y compris. J’ai aussi toujours apprécié le travail du cinéaste Ricardo Trogi.

Mais ici, de quoi rit on ? On ne se moque pas de ce qui est, de ce qui caractérise nos comportements en tant que peuple. On rit de ce qui aurait pu être, de la manière dont on imagine que le Québec aurait été gouverné si le OUI l’avait emporté en 1995. Ma foi ! Nous l’avons échappé belle ! Quelle bande d’incapables nous aurions été à nous gouverner seul, sans l’aide bienveillante du reste du Canada ! Tous les fédéralistes à l’est de la Rivière-des-Outaouais doivent rire un bon coup de cette incurie affichée. Il y a fort à parier que cette série sera traduite pour le R.O.C. D’Halifax à Vancouver, on se dilatera alors bien la ratte, et avec bonheur, sur le dos ce ces inaptes Québécois. Après les Newfies, les Quebecers !

Je ne suis pas sociologue, mais je crois qu’il y aurait certainement une thèse à développer sur le lien entre les deux échecs référendaires et l’engouement soudain pour l’humour après 1980 (les Lundis des HA HA !) et son essor exponentiel après 1995 (l’humour et les humoristes sont maintenant partout). On n’est pas capable de se prendre en main ? Bon et bien, on va rigoler ! Un réflexe collectif d’adolescent attardé incapable de prendre ses responsabilités. À cela s’ajoute certainement notre atavique complexe du colonisé. « Regardez ce que ça aurait donné si on avait choisi de se donner un pays ! Voyons, on n’est pas assez bons pour ça ! »

D’un autre point de vue, on sait tous que rire après un échec peut avoir quelque chose de thérapeutique, voire salutaire. Sauf que là, après 25 ans, c’est carrément devenu malsain ! Et se faire projeter comme ça, en pleine face, qu’on est juste une bande de cave, pas sûr que ce soit ce qu’il nous faut comme peuple en ce moment.