Les mesurettes de la CAQ sur la langue au collégial

2022/03/22 | Par MQF

Faute d’avoir le courage d’appliquer la loi 101 au cégep comme le réclame une majorité de Québécois, les Caquistes font diversion en proposant des mesures velléitaires et faussement nationalistes qui, comme telles, témoignent de leur renoncement à renverser sérieusement la situation catastrophique du français dans la métropole.

Avec son « plafonnement » de l’effectif des cégeps anglos et des programmes d’étude en anglais pour l’ensemble du Québec, le gouvernement Legault frappe une balle perdue ; une « foul ball ». Loin de régler le problème criant de l’anglicisation du monde de l’éducation supérieure et du travail à Montréal, la CAQ se contente plutôt de figer la dynamique actuelle, en la faisant perdurer indéfiniment. Or, cette dynamique actuelle est déjà critique. En fait, les amendements proposés au Projet de loi no 96 ne changeront rien au déclin du français à Montréal, ni à court terme, ni à moyen terme, ni à long terme. C’est-à-dire que Montréal a amplement le temps de s’angliciser avant que cette mesurette ne produise ses fruits, s’il en est...

Aussi, comme l’ont montré plusieurs observateurs, on sait que ces dispositions accentueront l’effet de rareté associé à la fréquentation des cégeps anglais, lequel institue un contingentement de facto. Le prestige du secteur anglais est donc appelé à se consolider comme jamais. Dans ce contexte, à l’inverse des objectifs fondamentaux de la loi 101, mais aussi du principe de l’universalité des cégeps, une poignée de cégeps anglais, Dawson au premier chef, continueront à capter la crème de nos étudiants ; notre élite montante.

Quant à la nouvelle exigence incombant aux francophones et aux allophones (mais non aux anglophones!) inscrits au cégep anglais de justifier d’une « connaissance suffisante » du français pour obtenir leur DEC ou de leur AEC, notons d’abord que la définition de ce en quoi consiste une telle « connaissance » sera entièrement laissée à l'appréciation du gouvernement qui la précisera par règlement... Ensuite, tous les experts savent bien que ce n'est pas la « connaissance » d'une langue qui détermine sa vitalité, mais bien son statut institutionnel. Ainsi, en refusant d'appliquer la loi 101 au cégep, le gouvernement continue à éroder, précisément, le statut institutionnel de notre langue nationale, et donc sa vitalité. Il condamne le Québec français à la régression, à commencer Montréal, notre seule métropole et le cœur économique de la nation. Or, dès lors que le cœur est atteint, le reste du corps ne peut que déchoir.

Le gouvernement doit immédiatement se raviser et étendre les dispositions de la loi 101 au niveau collégial. Au risque de nous répéter, le fruit est mûr. C’est l’occasion pour monsieur Legault de nous montrer qu’il est autre chose qu’un politicien provincial. Qu’il est un patriote. Alors, go !