800 immigrants entrent au Québec chaque jour, c’est ce que nous apprenait La Presse du 25 janvier dernier. Le chiffre donne le tournis. Sur un an, ça donne 292 000 nouveaux arrivants. Quand on sait qu'il y avait déjà au Québec 528 000 immigrants temporaires à la mi-décembre, on est obligé de parler de délire. La catégorie des travailleurs temporaires forme le groupe le plus important de ceux qui arrivent comme de ceux qui sont déjà là.
Il n'y a pas de hasard. En 2022, le gouvernement caquiste s'entendait avec le gouvernement fédéral pour assouplir les règles d'importation des travailleurs étrangers. On a dispensé l’employeur de démontrer qu'il est impossible pour lui de combler le poste avec quelqu'un du Québec et on a fait sauter le plafond de travailleurs à bas revenu. Résultat: le nombre de travailleurs étrangers a explosé.
Évidemment, on nous sert l'argument de la pénurie de travailleurs. On a cependant des raisons d'en douter. Les échos qui nous viennent de Trois-Rivières ces temps-ci, sont plutôt à l'effet qu'il est difficile de s’y trouver un emploi. Récemment, Siemens Energy a obtenu 75 candidatures pour 30 emplois. En Montérégie, dans la semaine qui a suivi l'annonce de son usine, Northvolt a reçu 3000 candidatures. Évidemment, une multitude de candidats à un poste est un avantage pour les employeurs. Vous ne les entendrez jamais se plaindre d'avoir trop de candidats. C'est plutôt l'inverse. Ils ont intérêt à ce qu'on parle de pénurie de main-d'œuvre et c'est exactement ce qu'on entend en boucle actuellement.
Ce que l'on sait de façon certaine cependant, c’est que ces arrivées massives introduisent un stress majeur dans une société québécoise déjà grandement affectée par l’inflation, la hausse des taux d'intérêt et le sous-financement chronique dans nos services publics. Ce à quoi il faut ajouter une langue nationale déjà mal en point.
On se souvient du François Legault du début de son premier mandat. Il allait prendre le contrôle de l'immigration et créer des jobs payantes. Aujourd'hui, on constate qu'il fait exactement le contraire. Au cours de la dernière année, le Québec est devenu le champion de la politique d'immigration canadienne en même temps qu’il est devenu une terre de prédilection pour le cheap labor. C'est une question de temps avant qu'un journaliste plus curieux que les autres nous révèle des cas d'exploitation éhontée de travailleurs étrangers. Le Devoir du 1er février nous informait de l'explosion du nombre d'agences de recrutement internationales passé de 150 en 2020 à 829 en 2024.
La semaine dernière, François Legault a ouvert la porte à une remise en question de cette politique : «J'ai demandé à la ministre de l'Immigration de regarder ce qu’on pouvait faire là-dessus. » Il a dit cela sans rire. Il est à espérer que Mme Fréchette connaisse mieux le dossier que lui parce que c’est son gouvernement qui est le principal responsable de ce désastre. Il est urgent que cette politique soit modifiée.
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